L’arrestation du chef de gang Arnel Joseph, à l’hôpital Bonne Fin, aux Cayes, dans le Sud du pays, par des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), défraie la chronique depuis la nuit de ce lundi 22 juillet 2019. Un événement qui apporte beaucoup de joie au cœur de plus d’un.
Des commentaires de toutes sortes pullulent sur les réseaux sociaux et nombreux sont ceux qui ne cachent pas leur contentement.
Pourtant, en plein milieu de cette explosion de joie, d’autres sont dans un tourment et font face à de sérieuses inquiétudes.
Rappelons-nous qu’Arnel Joseph n’est qu’un pion dans un système. Alors, faire tomber un pion ne veut pas forcément dire faire échec au roi.
Rappelons-nous qu’Arnel Joseph a toujours eu le support de grosses légumes de la politique haïtienne pour effectuer de manière si confiante ses opérations mafieuses sur le territoire national.
Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps qu’Arnel Joseph se sentait si rassuré qu’il donnait des conférences de presse, mettant la Police Nationale au défi de le capturer.
Ces rappels nous portent à nous poser les questions suivantes :
Arnel Joseph n’est-il pas aussi une victime de la politicaillerie haïtienne ?
Pensez-vous qu’Arnel Joseph est la tête de la bête du banditisme en Haïti ?
L’arrestation d’Arnel Joseph mettra-t-elle fin au phénomène du gangstérisme en Haïti.
Sans effectuer de profondes réflexions, nous savons tous que les réponses à ces interrogations sont toutes négatives.
L’arrestation d’Arnel Joseph aujourd’hui peut être un coup de génie de la PNH autant qu’elle peut être une manœuvre politique. D’ailleurs ce sont les politiciens eux-mêmes qui donnent naissance aux bandits dans le pays pour vaquer à leurs sales boulots pour ensuite les éliminer quand ils n’en n’ont plus besoin.
Alors qui sont les vrais bourreaux dans ce cas là, ceux qui terrorisent la population comme Arnel, Tije et les autres ou bien ceux qui nourrisent le gangstérisme en finançant et en armant les gangs ?
Imaginons que depuis toujours des noms de députés, de sénateurs et d’autres hautes personnalités politiques sont cités dans ces dossiers. Pourquoi aucune mesure judiciaire n’est appliquée contre eux ? Sont-ils au-dessus de la loi ces parlementaires qui ont la mission de légiférer et qui sont payés par l’argent du peuple haïtien ? Ces personnalités politiques indexées sont-elles plus importantes que la sécurité du peuple haïtien ?
Nombreux sont ceux qui en ce moment passent des coups de téléphone pour faire exécuter Arnel Joseph afin de couvrir leurs arrières.
Nombreux sont ceux qui sont prêts à négocier leur fortune afin que leurs noms ne soient pas cités.
Nombreux sont ceux qui ont déjà fait leurs réservations afin de laisser le pays.
Certains vont dire que ce sont des spéculations. Ils auraient eu gain de cause, si et seulement si, il n’en a pas toujours été ainsi. Et pourtant, les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances.
Arnel Joseph n’est pas le premier bandit qu’a connu la République d’Haïti en ces 30 dernières années et il ne sera pas non plus le dernier. Il y en aura d’autres, autant que nous ne dénichons pas les grands barons, les grands hommes politiques, les grands hommes d’affaires qui les alimentent.
« Chacun a son gang dans le pays », cest un slogan si familier en Haïti. Alors cessons les comédies et les hypocrisies pour construire un État haïtien digne de l’épopée de 1803.
L’Archange