Exprimant leur préoccupation face à cette crise sécuritaire et politique qui ronge le pays, des anciens Chefs de Gouvernement d’Haïti, issus d’horizons politiques divers, dans élan patriotique, unissent leur voix à travers un communiqué du Forum des anciens Premiers Ministres Haitiens (FAPM) pour exhorter objectivement tous les acteurs de la crise à prioriser en urgence l’intérêt supérieur d’Haïti pour le sauvetage de la barque nationale qui est en péril. Ces anciens hauts dignitaires de l’État, dont leur expérience politique pourrait beaucoup être utile à cette délicate conjoncture, se donnent désormais pour mission de promouvoir, entre autres, la démocratie, la concorde et l’état de droit en vue de contribuer à recouvrer un climat de sécurité et de stabilité politique dans le pays.
Ces patriotes haïtiens qui se mettent à voler au secours de la patrie commune répondent aux noms : du Dr Jacques Guy Lafontant, de l’entrepreneur et le politologue Laurent Salvador Lamothe, l’homme de théâtre Evans Paul, le notaire Jean-Henry Céant, le politologue Jean-Max Bellerive, Professeur Enex Jean-Charles et l’ingénieur civil Joseph Jouthe.
La rédaction du journal en ligne Le Médiateur vous invite à lire in extenso le contenu de cette dite note dont une copie vient d’être acheminée à notre salle de rédaction.
Depuis la Constitution de 1987 est apparue, dans l’environnement politico-administratif
d’Haiti la figure du Premier Ministre, Chef(fe) du Gouvernement. Cette armature est quasi
inexistante dans le continent américain puisque dans les pays où cette fonction existe, le Chef de l’Etat est le plus souvent une figure honorifique et donc, dans ces cas, les Premiers Ministres représentent pleinement le Pouvoir Exécutif.
Différents projets de réforme constitutionnelle proposeraient l’élimination de ce poste,
essentiellement parce qu’il rendrait les gouvernements trop dépendants des pressions parlementaires et compliquerait les relations diplomatiques.
En tout état de cause durant ces 36 dernières années, plus d’une vingtaine d’hommes et de
femmes ont occupé cette fonction et ont, en ce qui les concerne contribué à mener la barque
nationale accumulant ainsi une expérience collective sans pareils. A titre d’exemple, durant
cette même période à peine 4 présidents ont été élus directement au suffrage universel
(seuls 2 sont vivants aujourd’hui) et 3 anciens présidents vivants ont occupé la fonction de
manière provisoire pendant des périodes de transition plus ou moins courtes.
Il existe donc dans le pays, et au plus haut niveau, un creuset de connaissances accumulées
qui ne sont que très peu utilisées ou consultées pendant qu’à longueur d’années débarquent
sur nos rives un incessant flots d’experts, délégations ou missions diverses qui
malheureusement n’ont souvent qu’une appréhension partielle de la réalité haïtienne.
Bien évidemment, de temps à autres, l’un(e) ou l’autre des ces anciens PMs sont, au gré des
relations personnelles construites au fil de leur vie politique active, consultés ou invités à des
événements sociaux où leur analyse, opinion et avis sont requis sur le ton badin d’une
conversation mondaine.
De même ceux ou celles qui appartiennent à une mouvance politique commune se rencontrent
parfois de façon informelle mais ces entrevues ne débouchent que rarement sur des actions
ou activités conjointes pour le bien du pays.
La préoccupante situation actuelle du pays où tous les indicateurs de la nation ( insécurité,
famine, économie, gouvernance,..) sont au rouge, rendent nécessaire, même obligatoire, un
sursaut endogène pour redonner espoir à une population qui vit sa descente aux enfers avec
un fatalisme mêlé d’effroi.
C’est ce dernier constat qui a conduit certains anciens Premiers Ministres à se rencontrer et à
partager leurs préoccupations relatives à une urgente concertation pour un sauvetage de la
Nation. Il a été particulièrement établi que notre action ne pouvait se limiter à une déclaration
ou une prise de position commune. Elle devait s’inscrire dans la participation active dans la
durée pour la recherche continue de solutions aux multiples défis que confronte le pays. En ce
sens, un certain niveau de formalisation nous a conduit à définir des statuts constitutifs
(annexés à la présente) pour définir le cadre possible de notre action, de notre mission et de
notre organisation.
Il est évident que nous souhaitons ardemment que tous les ancien(e)s Premiers Ministres, sans
exclusive, puissent faire partie de ce projet qui ne soutient aucun agenda politique individuel
ni aucun protagoniste de la crise actuelle.
Dans sa composition actuelle, les membres dudit Forum en voie de formation regroupe déjà
différentes sensibilités idéologiques ou sociales et des hommes qui se sont opposés tant au
niveau du débat politique qu’à celui de relations personnelles difficiles, mais la recherche
commune de solutions pour Haiti est toujours restée la boussole.
Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts et donc mieux en mesure d’apporter des
réponses concrètes systémiques et de la conjoncture.
Le Médiateur