Détrompez-vous ! Il n’y a pas que la phobie des élections qui poussent des leaders de l’opposition politique et de la société civile à se mobiliser autant pour un pouvoir de transition dans le pays en dépit du fait que le mandat du Président de la République prendra fin constitutionnellement 7 février 2022. À côté de cette peur bleue des élections, provoquée par une absence quasi-complète de vision de ces hommes politiques pouvant convaincre l’électorat, il y a aussi la douce réalité de la Transition, qui veut que le gâteau (les recettes de l’État) soit dégusté par les forces au pouvoir et les grands commerçants traditionnels, contrebandiers, spécialistes en surfacturation de l’État…Tous ceux-ci, sans une miette pour la grande majorité des Haïtiens. Autant dire, une occasion en or pour sévir, avec la plus grande sévérité, contre cette population qui les avait rejetés et qui les rejettera encore avec son bulletin de vote s’ils persistent sur cette même lancée.
Dans son article 285 de ses dispositions transitoires, la Constitution de 1987 avait prévu un seul gouvernement de transition dans le pays, juste le temps d’organiser des élections après la chute des Duvalier et d’emprunter une fois pour toute la voie démocratique. Trente-trois ans après, nous avons connu pas moins de 10 pouvoirs de transition contre seulement 7 issus des élections. Et, aujourd’hui encore, on tente d’écourter le mandat de cinq ans du Président Jovenel Moïse pour instaurer un pouvoir de transition. On dirait que l’exception devient la règle.
La dernière expérience d’un pouvoir de transition montre à quel point le gâteau bien que périmé attise la convoitise et la gourmandise des hommes qu’on croyait auparavant qui n’auraient cédé à aucune tentation.
Qui aurait cru que Pierre Éspérance de RNDDH, qui dénonçait haut et fort la corruption, serait devenu une honte nationale après avoir été avili par son ex-collaboratrice, Marie Yolène Gilles, pour avoir soutiré des chèques dont l’un est évalué à 1.5 millions de gourdes à la BMPAD sous le gouvernement de transition de l’ancien Président Jocelerme Privert ?
Qui aurait imaginé que l’ancien sénateur Nénel Cassy, qui exige à tue-tête des comptes sur les dépenses du fonds Pétrocaribe, serait concocté un plan avec Patrick Noramé pour détourner plus de 30 millions de dollars us de ce même fonds Petrocaribe, selon Marie Yolène Gilles de FJKL, sous le pouvoir de transition de Privert ?
Qui aurait pensé que l’ancien sénateur Antonio Cheramy (Don Kto), qui se fait passer pour un fervent défenseur des sans-voix, serait pillé la CAS par le biais de l’ancien directeur Wilberde Alouidor , selon ses propres collègues, des dizaines de millions de gourdes. Alors que ce fonds est destiné aux personnes de troisième âge, aux handicapés, entre autres ?
C’est Haïti à l’envers !
Frantz Jean-Louis