L’éducation est le socle sur lequel repose toute société saine et prospère. Dans le cadre de la Doctrine ABC (Agir pour le Bien Commun), elle est perçue comme un levier incontournable pour promouvoir l’égalité, réduire les disparités et garantir un avenir meilleur. En Haïti, où le système éducatif est gravement fragilisé par l’insécurité, les disparités et les injustices, agir pour l’éducation est une urgence nationale et une priorité absolue.
Un système éducatif sous le poids des disparités
Le secteur éducatif haïtien est profondément marqué par des inégalités structurelles :
• Entre le public et le privé : Les écoles publiques, souvent discriminées, souffrent d’un manque criant de professeurs qualifiés, de matériel pédagogique et d’infrastructures adéquates. En revanche, les écoles privées offrent généralement de meilleures conditions d’apprentissage, bien que ces dernières soient de plus en plus vulnérables face à l’insécurité et aux violences.
• Entre les zones urbaines et rurales : Les régions rurales sont confrontées à un déficit majeur en infrastructures scolaires, en enseignants qualifiés et en matériel pédagogique, excluant de nombreux enfants de leur droit fondamental à l’éducation.
Ces disparités exacerbent les tensions sociales et renforcent un sentiment d’injustice parmi les élèves et leurs familles, alimentant des conflits regrettables entre les secteurs public et privé.
La violence et l’insécurité : une menace pour l’éducation
L’insécurité croissante en Haïti, alimentée par les gangs, l’instabilité socio politique et la précarité économique, placent le système éducatif dans une situation critique :
1. Les attaques contre les écoles publiques et privées :
• De nombreuses écoles, qu’elles soient publiques ou privées, sont incendiées, vandalisées ou contraintes de fermer leurs portes en raison de l’insécurité. Ces actes de violence provoquent une déstabilisation sociale et des pertes financières importantes pour les propriétaires et éducateurs.
• La fermeture de ces établissements, touchant tous les niveaux (préscolaire, primaire, secondaire et universitaire), prive des milliers d’élèves et d’étudiants de leur droit à l’éducation, renforçant un sentiment d’abandon et d’incertitude.
2. Les familles en déplacement forcé :
• Sous la pression des gangs, des familles sont contraintes de quitter leurs quartiers, emmenant avec elles leurs enfants. Ces déplacements désorganisent la scolarité des élèves et la formation des étudiants, compromettent leur avenir académique et social.
3. Les menaces contre les enseignants :
• Les enseignants sont la cible de kidnappings, d’assassinats et d’intimidations, les obligeant à abandonner leur profession ou à fuir le pays. Ce phénomène aggrave la pénurie de professeurs qualifiés, fragilisant encore davantage le système éducatif.
Des pertes humaines et économiques désastreuses
La violence contre le secteur éducatif a des conséquences graves et durables :
• Des pertes financières massives : Les écoles privées, qui investissent dans leurs infrastructures et leurs services, voient leurs efforts réduits à néant lorsque leurs établissements sont abandonnés, incendiés ou vandalisés. Ces pertes entraînent un chômage accru parmi les professionnels du secteur.
• Un chômage amplifié : Directeurs, enseignants et autres personnels des écoles privées se retrouvent sans emploi, aggravant les problèmes sociaux et économiques du pays.
• Une déstructuration du système éducatif : La destruction d’écoles et la perte de professionnels qualifiés contribuent à désorganiser le secteur éducatif, laissant une génération entière sans accès à une formation adéquate.
Agir pour une éducation au service du bien commun
La Doctrine ABC (Agir pour le Bien Commun) appelle à une action urgente et coordonnée pour sauver l’éducation en Haïti. Les mesures prioritaires incluent :
1. Sécuriser les établissements scolaires :
• Mettre en place des mesures spécifiques pour protéger les écoles, des cycles primaires aux universités, contre les violences.
• Créer des “zones sécurisées” grâce à des partenariats entre les forces de sécurité, les communautés et les institutions éducatives, garantissant ainsi un environnement propice à l’apprentissage.
2. Soutenir les écoles privées :
• Fournir des aides financières et logistiques aux établissements privés touchés par la violence pour leur permettre de se reconstruire.
• Mettre en place des programmes de soutien pour les professionnels de l’éducation privés qui ont perdu leur emploi, afin de limiter les impacts sociaux et économiques de la crise.
3. Valoriser les enseignants :
• Améliorer les conditions de travail et les salaires des enseignants du secteur public pour les encourager à rester dans leurs activités.
• Protéger les enseignants contre les violences et garantir leur sécurité, en leur permettant d’exercer leur métier dans la dignité.
4. Réduire les disparités éducatives :
• Investir massivement dans les infrastructures et les ressources pédagogiques des écoles publiques, notamment dans les zones rurales.
• Encourager la collaboration entre le secteur public et privé pour harmoniser les standards éducatifs et partager les ressources.
L’éducation, levier pour un avenir meilleur
L’éducation est un bien commun qui transcende les clivages sociaux et géographiques. La violence contre les écoles, les enseignants et les élèves représente une menace directe pour l’avenir d’Haïti.
Agir pour l’éducation, dans l’esprit de la Doctrine ABC, c’est garantir que chaque enfant, qu’il soit issu des villes ou des zones rurales, ait accès à une éducation de qualité. C’est également soutenir les enseignants et les professionnels de l’éducation, qui jouent un rôle crucial dans la construction d’une nation forte et équitable.
Une éducation forte et équitable est la clé pour briser le cycle de la pauvreté, réduire la violence et préparer une relève de qualité pour Haïti. Car, comme le dit le précepte : “Tant vaut l’éducation, vaut la nation.”
CENTRE ABC
Delmas, Haïti
Samedi 18 janvier 2024