Le Ministre de la Communication Jean Michel Lapin est désormais Premier ministre ad intérim (a.i) en remplacement de Jean-Henry Céant. Ce dernier a été censuré par un vote écrasant de la Chambre des députés à l’issue d’une séance d’interpellation le lundi 18 mars 2019.
Du 17 septembre 2018 au 17 mars 2019, 6 mois depuis que Jean-Henry Céant détenait les rênes du Gouvernement haïtien. Qu’a-t-il apporté de positif au pays ? Depuis, combien de pas avons-nous effectués vers le progrès et le développement d’Haïti ?
Pour éclairer votre lanterne, nous allons passer au peine fin ces 200 et quelques jours que le Premier ministre Jean-Henry Céant a épuisé à la tête du Gouvernement afin de trouver des résultats concrets, si jamais résultats il y en a et nous allons énumérer ses principaux faux pas durant sa gestion.
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Échec # 1 : Augmentation du flot d’insécurité
À l’arrivée de M. Céant à la Primature, le climat d’insécurité s’est aggravé.
Plus de 12 policiers ont été assassinés durant cette periode, tels que : Jurond Durosier, un agent du Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre (CIMO), brûlé à La Saline le 19 novembre 2018 ; Jocelyn Charles, un agent 4 assassiné à Miragoâne le 21 novembre 2018 ; l’Inspecteur Dieujuste Jean Pierre abattu à Martissant le 28 novembre 2018 ; le Commissaire de police Plymouth Robert assassiné dans la nuit du 1er décembre 2018 à Vivy Mitchell ; Oldensky Julmiste de la 28ème promotion criblé le 22 janvier 2019 au Champs-de-mars ; l’Inspecteur de Police Vital Michel, affecté à la Direction Centrale de la Police Routière (DCPR), assassiné le 25 janvier 2019 dans un tap-tap, pour ne citer que ceux-là.
La Police nationale paraît largement dépassée par la situation à un point tel, le Maire de la Capitale, Monsieur Youri Chevry a été obligé de monter au créneau pour supplier les bandits qui sèment le deuil et la pagaille au quotidien d’observer une trêve pour la réalisation d’un match international de foot-ball opposant la sélection haïtienne à la sélection cubaine.
Son échec en matière de sécurité s’est finalement confirmé par l’affaire des 7 mercenaires. Chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), Jean-Henry Céant a fait une sortie pour le moins catastrophique dans le dossier des 7 étrangers arrêtés aux abords de la Banque de la République d’Haïti (BRH).
Sans attendre la conclusion de l’enquête policière, voire judiciaire, M. Céant a conclu que ces 7 prétendus mercenaires avaient pour mission d’attenter à sa vie et celles des parlementaires. Une déclaration qui n’est pas si différente de celle des leaders de l’Opposition radicale qui ont fait croire que ces hommes visaient plutôt leurs vies et celles des manifestants.
Échec # 2 : Caducité des programmes d’apaisement social et augmentation de la misère
Dans un contexte de lutte contre la faim dans un pays où plus de 30% de la population croupit dans l’extrême pauvreté selon les chiffres de la Banque Mondiale, au cours de ces 6 mois, le Gouvernement, via le Ministère des Affaires Sociales et du Travail a inauguré rien qu’une trentaine de restaurants communautaires dans la Capitale. Est-ce là une solution pour combattre la faim ? Non. On le sait déjà.
De surcroît, le lundi 26 novembre 2018, au Champ de Mars, le Premier ministre a lancé le programme d’assainissement des quartiers de la zone Métropolitaine tout en annonçant la création de plus de 50.000 emplois avant la fin de l’année. Et il avait même affirmé que ceci n’est rien en comparaison de ce qui viendra, en informant la population que 2 milliards de gourdes étaient disponibles pour la réalisation du programme. Mais où sont passés les impacts et les résultats ?
Incapable d’apporter la moindre solution face à la montée vertigineuse du prix des produits de première nécessité comme le riz, le maïs, le pois… On a vu passer le prix du riz de 35 à 50 gourdes sous la gouvernance de Jean-Henry Céant et l’inflation a connu un niveau record depuis 2008, soit 17/100.
En guise de résultats, le mardi 5 février 2019, l’état d’urgence économique a été décrété sur le pays. Une décision prise par le Président de la République en Conseil des Ministres.
Échec # 3 : Dépréciation de la gourde face au dollar américain
Mise à part la vague d’insécurité qui a pris de l’ampleur, l’inflation qui domine le marché et la misère qui s’accroît, il faut souligner la dégringolade de la gourde par rapport au dollar américain.
De décembre 2018 à mi-mars 2019, le dollar est passé de 74.5 gourdes pour 1 dollar à 83.6.
Échec # 4 : Incapacité de mener le dialogue inter-haïtien
Le Premier ministre Jean-Henry Céant n’a pas pu répondre à la mission que lui avait confiée le Président Jovenel Moïse : « Réunir avec les véritables protagonistes de cette crise politique autour d’une seule table pour un dialogue franc et sincère en vue d’aboutir à un consensus sur les points de divergence« . Il avait même reçu les pleins pouvoirs du Président de la République pour parvenir à cette fin.
Pourtant, Jovenel Moïse avait manifestement affirmé son insatisfaction du travail du Chef du Gouvernement lors de l’ouverture officielle du Forum national autour du Pacte de Gouvernabilité, le 22 janvier 2019.
On peut dire aussi que c’est à ce moment qu’une guerre ouverte s’est lancée entre le Président et le Premier ministre qui a même quitté la salle avant la fin de cette cérémonie pourtant si vitale.
À cela, ajoutons l’insolence de son Porte-parole Pascal Adrien. Réagissant sur les propos du Président de la République à l’issue de la rencontre, le jeune Porte-parole déclara : “Le Premier ministre est très insatisfait de la soi-disant insatisfaction du Président”.
Quant à M. Céant, il n’a pris aucune mesure disciplinaire ou administrative contre son Porte-parole par rapport à cet écart de langage à l’endroit du Président de la République.
Or, certains observateurs ont fait comprendre que cet échec était voulu de la part du Premier ministre, car un compromis politique entre des leaders de l’Opposition et Jovenel Moïse aurait abouti à un Gouvernement de cohabitation ou d’union nationale.
Rappelons aussi que le 25 février 2019, le Président de la République avait procédé à l’installation de cinq (5) des sept (7) membres de la Commission présidentielle du dialogue national au Palais national. Une décision qui a pu nous faire comprendre que la discordance entre le Président Jovenel Moïse et Jean-Henry Céant était parvenue à une phase de non-retour.
Échec # 5 : Prolifération des manifestations de l’Opposition
Alors que le dialogue a échoué durant le régne de Jean-Henry Céant, mais d’un autre côté on a assisté à une montée en puissance de l’Opposition durant cette période. Les manifestations se sont multipliées et ont gagné en puissance.
Rappelons-nous le 17 octobre 2018, les 18 et 23 novembre, jour même de la commémoration de la Bataille Vertières, les 9, 10 et 16 décembre 2018, la période allant du 7 au 14 février 2019.
On dirait que durant ces 6 mois, l’Opposition frappait de l’intérieur et c’est au cours de route que Jovenel Moïse a fini par comprendre que la taupe était Jean-Henry Céant, son Premier ministre.
Le silence du Conseil Supérieur de Police Nationale (CSPN), présidé par le Premier ministre, durant les agitations du 7 au 14 février était l’une des attitudes les plus douteuses qui ont révélé les vraies intentions de Jean-Henry Céant.
Échec # 6 : Précipitation suspecte dans le dossier PetroCaribe
À peine investi de son Pouvoir, Jean-Henry Céant a apparemment affiché sa volonté pour que la Justice fasse la lumière autour de ce dossier. Cependant, ses fuites en avant sont réellement questionnables.
Le Premier ministre a abordé ce dossier par un mensonge : l’annonce des « Jeudis Petro« . Le vendredi 19 octobre 2018, Eddy Jackson Alexis, Secrétaire d’État à communication du Gouvernement de Jean-Henry Céant a annoncé sur Twitter que dans une semaine, soit celle ayant suivi sa déclaration, le Chef du Gouvernement Jean-Henry Céant organiserait les « Jeudis Petro« .
La première et unique édition de ce programme a eu lieu le jeudi 24 octobre 2018, et depuis on n’en a jamais entendu parlé ! Or les latins stipulaient : « Fraus omnia corrumpit » (Le mensonge corrompt tout). Donc, il était évident que le Premier ministre n’était pas en mesure de gérer un tel dossier !
La deuxième faille révélée dans la gestion de ce dossier est l’échec de la création de la Commission spéciale sur la question PetroCaribe consolidé par le refus de presque tous les secteurs sollicités à cet effet.
À cela s’ajoute l’anticipation du Premier ministre déclarant que l’état haïtien aurait porté plainte auprès du Tribunal de Première instance de Port-au-Prince, suite à la publication du rapport partiel de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), émis le 31 janvier 2019.
Vu que le rapport n’est pas complet, cette démarche s’avère être une précipitation et un non-respect de la procédure légale. Or ce dossier s’avère très complexe, car il implique des acteurs relevant tant du droit commun que du droit public.
Échec # 7 : Six (6) mois sans budget national
Le projet de loi 2018-2019 n’a été présenté au Parlement que le 5 novembre 2018 par le Ministre de l’économie et des finances, alors que l’année fiscale a débuté le 1er octobre.
Pendant que les promesses s’accumulent, le Premier ministre Jean-Henry Céant a dirigé le pays durant 6 mois sans que le Budget national ne soit voté.
La condamnation finale s’est aussi soldée par un échec de Jean-Henry Céant
Pour faire suite à toute cette lignée d’erreurs, considérons maintenant la dernière goûte qui a renversé le vase. Il s’agit de la très mauvaise gestion par Jean-Henry Céant de la journée d’interpellation du lundi 18 mars 2019.
Jamais un Premier ministre n’a manifesté autant d’enthousiasme pour répondre à une interpellation. Jean-Henry Céant a écourté sa mission au Maroc pour répondre à l’interpellation des Sénateurs depuis 7h du matin. Il croyait que l’Assemblée des sages était acquise à sa cause. Ce n’était qu’une illusion !
Ces Sénateurs-interpellateurs, au nombre de 9, n’étaient pas arrivés pas à convaincre leurs collègues de la majorité pour réaliser la séance et octroyer à Jean-Henry Céant la prolongation de 6 mois qu’il envisagait.
Si on reprend les propos de l’ancien Sénateur Monde Jean Charles, on peut désigner cette interpellation comme une « auto-interpellation« . En clair, ce fut un arrangement entre les Sénateurs de l’Opposition et Jean-Henry Céant.
Rappelons que si certains restaient encore confiants en la compétence du notaire Céant pour mener le Gouvernement en dépit de ces piètres prestations, d’autres n’ont pas caché leur doute.
En effet, des questions pleuvent sur le véritable projet de l’ex-Premier ministre quant aux accusations publiques de l’ex-député Jude Charles Faustin faisant croire qu’il aurait financé l’Opération « PAYS LOCK » afin de renverser le Président Jovenel Moïse, car au regard de l’article 149 de la Constitution de 1987 amendée, c’est lui qui aurait comblé le vide présidentiel.
De toute évidence, on s’attendait à mieux de la part du leader du Parti « Renmen Ayiti » qui vient de faire une prestation décevante sur la scène politique.
Stevens Grégor Gabriel,
Avec la contribution de :
Frédo Pierre, Jean Jocelyn Petit, Phillerque Hyppolite