Il flotte sur le pays un sentiment généralisé d’insécurité. Chaque citoyen vit avec l’impression qu’il peut à tout moment devenir une cible et une victime potentielle. Nul aujourd’hui ne se sent à l’abri. Nul ne peut dire que cela n’arrive qu’aux autres. La mort guette partout le citoyen ordinaire.
En transports publics ou en voiture privée, on se fait agresser publiquement par des bandits, qui, une fois, leurs forfaits exécutés marchent tranquillement dans la rue. Le malheureux pris en otage (kidnapping), exécuté sommairement en sortant à la banque peut être vous, ou n’importe qui. La pauvre femme violée, dépouillée et humiliée peut être une sœur ou une mère. Le pauvre travaillant et passant agressé physiquement, et fauché par les balles des bandits : ce peut être un frère, un ami. Ce peut être un leader politique, une institution privée ou publique, un homme d’affaires, un petit commerçant et ce peut être moi ou vous.
C’est ce sentiment de totale impuissance, l’impression d’être sans défense devant les formes les plus violentes de la criminalité, qui habite aujourd’hui les haïtiens en Haïti. MarkenLove dans une causerie a déclaré avec un sentiment d’impuissance et de résignation : Personne n’est à l’abri dans ce pays. Le pire, c’est que ceux qui devraient nous protéger et servir semblent être dans la même situation.
Des policiers sont exécutés presque chaque jour par des bandits qui opèrent sous la protection de certains hauts cadres de l’État. Gregory Orelus, un jeune professionnel s’est prononcé ainsi face à tout ce qui se passe en Haïti : « Pour te dire franchement les mots me manquent pour exprimer comment je vis. Jour après jour la dégradation du climat d’insécurité et de violence qui rongent le pays », lâche-t-il avec colère.
En plus de cette colère, il y a un sentiment de mépris, de rage et de révolte qui bouillonne en lui quand il ajoute : « Alors moi en tant qu’haïtien c’est avec un sentiment de mépris que je vois toute la classe vive de notre pays. Et cette dégradation est la résultante de la bourgeoisie haïtienne ou encore une partie de celle-ci, de nos dirigeants politiques ainsi que leurs modes de gestion y compris aussi les opposants politiques qui n’ont en tête qu’une chose que la prise du pouvoir par tous les moyens ».
Ce sont ces sentiments de colère, de rage et de mépris qui traverse presque l’ensemble de la population quand ils parlent des institutions de l’État. Elle n’a plus de confiance dans l’appareil judiciaire. La police vient d’indexer de hauts cadres de l’État dans le massacre de la saline. Et ce ne sont pas les révélations sur les armes de guerre perdues et retrouvées entre les mains d’un bandit appréhendé par la police qui vont calmer les craintes de la population.
Il est plus que temps et nous sommes dans l’urgence d’un sursaut collectif qui puisse pousser les institutions de maintien d’ordre à prendre les mesures nécessaires pour restaurer la paix sociale et surtout le sentiment de sécurité indispensable à la bonne marche du pays.
Laure Alixa Pubien