La République d’Haïti fait face à une situation crisogène croissante depuis plus de deux mois. Des revendications se multiplient dans les rues de la capitale ainsi que les villes de provinces.
En effet, le mouvement PAYS LOCK pour exiger le départ du président Jovenel Moïse continue de faire sa course tout en entraînant un grand nombre de conséquences : des casses partout, un niveau d’insécurité graduel, des incendies dans des institutions publiques et privées, des actes de vandalisme, la fermeture de certaines entreprises, une dégradation de l’économie, l’impossibilité de la réouverture des classes.
Il est évident que le gouvernement n’a plus le contrôle de la situation sinon que les stratégies de remplacement et de révocation de certains membres du gouvernement. Cette démarche qu’utilise le président ne fait que mettre de la poudre au feu; des mesures que la majorité critique.
Il est certain que le président pour l’instant n’a que le titre, mais celui-ci est dépourvu de tout pouvoir lié à sa fonction présidentielle. Entre temps le dialogue entre l’opposition et le pouvoir reste une simple imagination, car l’opposition politique refuse de s’asseoir avec le Chef de l’État. Tout cela démontre clairement que le pays n’est pas loin d’une explosion sociale.
Pendant que nous prenons le plaisir de s’entre tuer, la communauté observatrice planifie notre destin dans l’aboutissement d’une intervention étrangère et prépare à nous mettre le museau à la gueule. Cette planification est minutieusement contrôlée par la communauté internationale.
D’abord commençons par comprendre la création de cette mission onusienne BINUH (Bureau Intégré des Nations-unies en Haïti) que les Nations-unies ont créé le vendredi 7 juin pour remplacer la MINUJUSTH dont le mandat a pris fin le 15 octobre 2019. C’est une mission qui a pour objectif de maintenir la paix et la stabilité en Haïti. En parlant de la paix en Haïti, combien de missions étrangères ont su rétablir la paix en Haïti? En commençant par la MINUSTAH qui a fièrement échoué dans sa mission et la MINUJUSTH qui n’a rien fait de progressif?
Ensuite, une mission de l’OEA est rentrée dans le pays le mercredi 19 juin 2019 pour faciliter le dialogue entre le pouvoir à genou et les différents acteurs de l’opposition; mission qui a malheureusement échoué car le dialogue jusqu’à date n’a eu lieu. Il est nécessairement important de comprendre que ces manigances de la communauté internationale ou d’un autre État quelconque ne peuvent en aucun cas trouver la solution de nos problèmes.
En Haïti, la considérable détérioration de tous les secteurs : économiques, sociaux, administratifs et politiques rend indispensable une bonne coordination des efforts d’assistance que l’ONU et l’OEA vont tenter de mettre conjointement en œuvre. Ces situations d’une extrême gravité exigent toutefois ces organisations internationales à entreprendre des actions qui s’attaquent à nos maux.
Depuis quand les États étaient des amis qui s’intéressent au bien être l’un de l’autre sinon que des intérêts? Comme Charles de Gaulles l’a bien dit : « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. » Nombreux sont les États qui prétendent être les vrais amis d’Haïti rien que pour tirer profit de notre naïveté.
Si l’on repasse l’histoire d’Haïti dans les années 1915. Alors que le pays fut plongé dans le chaos après l’assassinat de Vilbrun Guillaume Sam, la marine de guerre des États-Unis (le croiseur Washington) débarqua à Port-au-Prince dans l’après-midi du 28 juillet 1915. À cette intervention inattendue, on croyait que la présence des américains serait temporaire et allait se borner à une opération de paix, mais les faits en disaient plus long avec leur déclaration du 7 août en proclamant que le gouvernement des États-Unis n’avait d’autre but que de maintenir un gouvernement stable. On était pris au piège.
Quelques années plus tard en 2004, avec le départ de Jean Bertrand Aristide, les fils de l’oncle Sam ont encore foulé nos terres sans se préoccuper de nos règlements internes. Si l’on se fie à la déclaration de Paul Kagamé, l’on comprendrait que « l’histoire est têtue, les faits sont là ».
Il est venu de se questionner sur cette intervention américaine précautionneusement planifiée. Il n’est pas sans savoir que le président avait sollicité l’aide des États-Unis face à la crise qu’il n’arrive pas à gérer. Voilà qu’ils arrivent ce dimanche 3 novembre 2019 avec ses forces armées pour aider le président et porter leur aide sur le plan sanitaire à la population. Par ailleurs, on se demande d’un autre côté est-ce que la coopération et l’aide étrangère ne sont pas importantes? Quand on a pu estimer que la situation est inquiétante dans les domaines nutritionnels et les médicaments.
Peut-être que l’on peut dans ce cas parler d’une assistance humanitaire à Haïti en situation d’urgence absolue et à la limite de l’irréversible la détérioration des conditions de vie de la population, qu’il s’agisse des aspects nutritionnels, sanitaires ou sociaux dans les semaines qui ont suivi la crise. Cependant il est aussi pertinent de se questionner sur certains points.
D’une part, pourquoi une telle assistance médicale nécessite-t-elle une intervention de 1000 militaires? Se pose ici la sécurité de la Nation par l’absence de l’armée. Il est impossible de ne pas tenir compte de son rôle de contrôle du territoire. Comment peut-on accepter les forces armées étrangères sur le territoire national; ce qui est en violation de la Constitution dans son article 263-1 disposant qu’aucun autre corps armé ne peut exister sur le territoire national. Dans la confusion extrême où l’on se trouve, on y voit l’absence de toute autorité constituée, personne n’eut à ces occasions le pouvoir de contester contre une pareille violation de l’intégrité territoriale de la République. Ce qui résulte clairement l’inexistence de l’État.
D’autre part, comment est-il possible que les américains que l’opposition politique considère comme l’ennemi d’Haïti sont ceux qui nourrissent et soignent le peuple haïtien? Sachant que celui qui embrasse son ennemi cherche à mieux l’étrangler. Pourquoi celui qui nous maintient dans la crise en prenant parti pour le président est sur notre territoire avec une force armée? Des questions qu’on a la peine à se poser.
Il est donc important de souligner à tous les secteurs de la vie nationale, à l’opposition, au président de la République que l’insécurité, l’instabilité politique continueront à défier la souveraineté de notre pays. En Haïti, est-il important de parler de la souveraineté sans pourtant se faire ridiculiser?
La crise a-t-elle fait perdre au peuple haïtien toute influence sur les décisions politiques?
En quelques semaines, des faits troublants sont venus créditer l’idée que la souveraineté des peuples est remplacée par le césarisme de la communauté internationale. D’un côté, nous avons la concomitance de l’ONU par la création de BINUH et l’intervention du Core group et de l’OEA. De l’autre côté, nous avons l’embarcation des forces armées étrangères pour une assistance qui n’est pas sécurisée par l’État.
Il est temps que le peuple décide collectivement et librement de son destin notamment en prenant conscience de son droit et devoir et des décisions avec le souci de l’intérêt commun. La souveraineté nationale appartient au peuple qui est un être collectif et indivisible mais à croire notre situation, n’y a-t-il pas une ingérence?
Lamaria