L’annonce de la prochaine déportation de Pierre Réginald Boulos par les autorités américaines va plonger le puissant homme d’affaires haïtien dans une tourmente judiciaire inédite. Accusé de complicité avec des groupes armés en Haïti et de dissimulation d’informations dans sa demande d’asile, Boulos symbolise désormais la nouvelle cible d’un gouvernement haïtien qui semble être décidé à s’attaquer à l’impunité, quels que soient le statut ou l’influence des personnes impliquées.
Dans un message publié sur X ce dimanche 27 juillet, l’ambassade des États-Unis en Haïti a affirmé que M. Boulos « a omis de mentionner sa campagne de violence et de soutien à des gangs pour déstabiliser Haïti ». Une fois expulsé, précise la note, il sera « chaleureusement accueilli par l’Unité de lutte contre la corruption du gouvernement haïtien ».
Drôle de coïncidence. Un communiqué récent du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) dévoile un protocole strict de traitement judiciaire pour tous les ressortissants haïtiens déportés ou extradés pour crimes financiers ou soutien à des groupes criminels. Ce protocole prévoit la remise immédiate des personnes concernées au Commissaire du Gouvernement, leur garde dans des lieux de détention sécurisés, et le transfert rapide de leur dossier au cabinet d’instruction.
Plusieurs institutions de contrôle financier (UCREF, ULCC, BAFE, IGF) seront mobilisées pour appuyer l’instruction des dossiers. Le ministre Patrick Pélissier a insisté sur le fait que « ce processus ne souffrira d’aucune interférence politique ni économique ».
Selon plusieurs observateurs qui applaudissent des deux mains cette note, le gouvernement dirigé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé doit poursuivre ses efforts pour renforcer la sécurité publique. L’achat drones kamikazes, du matériel militaire avancé et un accompagnement renforcé pour les policiers en opération figurent parmi les mesures annoncées leurs demasndes. Ces outils visent à rétablir le contrôle de l’État face aux groupes armés lourdement financés, souvent avec la complicité d’acteurs économiques puissants.
L’arrestation de Pierre Réginald Boulos, figure influente du secteur privé haïtien, marquerait une rupture nette avec des décennies de tolérance envers les élites suspectées de liens avec des réseaux criminels. Pour l’exécutif, le message est clair : l’heure de la complaisance est révolue. Ce sera désormais la justice, pour tous. Y compris ceux qu’on croyait intouchables.
Jean-Mary Louis