Le monde culturel haïtien est en deuil. André « Dadou » Pasquet, légende du konpa et l’un des guitaristes les plus influents de sa génération, s’est éteint paisiblement ce dimanche 23 novembre 2025, entouré de ses proches. Son départ marque la fin d’un chapitre essentiel de la musique haïtienne, tant son nom reste indissociable de l’évolution du genre au cours des cinquante dernières années.

Né dans une famille où la musique était un langage naturel, Dadou découvre très tôt la guitare, instrument dont il fera une extension de lui-même. Dès son adolescence, il intègre des groupes en pleine ascension et se distingue rapidement par un jeu subtil, élégant, empreint d’une grande maîtrise technique. Mais c’est surtout comme cofondateur du célèbre Magnum Band, aux côtés de son frère Tico, qu’il s’impose comme un créateur visionnaire. Le groupe, formé dans les années 1970, devient rapidement un porte-étendard du konpa moderne, exportant le son haïtien sur les scènes américaines, caribéennes et européennes.
Dadou Pasquet n’était pas seulement un instrumentiste brillant : il était aussi un compositeur inspiré, capable de marier tradition, modernité et sophistication harmonique. Sa guitare, reconnaissable dès les premières mesures, a accompagné des générations de mélomanes, rythmé des moments de fête et inscrit dans la mémoire collective des mélodies devenues intemporelles.
Sa disparition laisse un immense vide, mais son influence perdurera. Artistes, mélomanes et institutions saluent la perte d’un géant, d’un musicien rare dont l’humilité et la discipline égalent le talent. Avec Dadou Pasquet s’en va un maître. Mais son œuvre, elle, continuera de vibrer longtemps encore dans l’âme musicale du pays.
Maryne N. Louis-Jeune

