En Haïti, en ce Noël 2025, la question n’est pas de savoir s’il faut fêter ou non.
La vraie question est comment fêter avec conscience, mesure et sens de la responsabilité.
Un peuple éprouvé a aussi droit à la respiration, au relâchement de la tension,
et à une forme d’émancipation morale.
Une jeunesse nombreuse, souvent privée d’un avenir clair, a droit à la joie, au divertissement, à la musique,
au rire qui soulage, à la fête qui, l’espace d’un instant, redonne le goût de vivre.
Fêter n’est pas un crime.
Se réjouir n’est pas une trahison.
Chercher un moment de lumière au cœur de l’obscurité est profondément humain.
Mais la fête, lorsqu’elle devient exagération, perd son sens et peut se transformer en insouciance, en indifférence, voire en provocation face à la souffrance collective.
La philosophie ABC – Agir pour le Bien Commun nous invite à une voie d’équilibre :
le droit de fêter, sans perdre la tête ni le sens.
Fêter, oui —
sans gaspillage ostentatoire,
sans violence,
sans excès destructeurs,
sans oublier celles et ceux qui pleurent,
qui ont faim,
qui ont peur,
qui ont dû fuir vers les provinces ou l’étranger,
celles et ceux qui croupissent dans des camps de misère,
dépossédés de leurs biens,
endeuillés par l’assassinat d’un proche,
ou qui ont tout perdu.
Fêter, oui —
mais sans confondre divertissement et irresponsabilité,
liberté et désordre,
joie et démission civique.
Noël n’est pas une négation de la crise.
Il est une pause consciente,
un moment pour reprendre souffle,
se retrouver, et se rappeler que la vie vaut encore la peine d’être vécue.
Pour notre jeunesse en particulier,
le divertissement doit rester un espace de récréation, non un refuge permanent.
Car un peuple ne se sauve pas uniquement en dansant, mais il ne se sauve pas non plus
en étouffant toute joie.
Le défi d’Haïti, en ce Noël 2025,
est de concilier la joie et la responsabilité,
la fête et la conscience,
la liberté et la quête du bien commun.
C’est cela, fêter sans exagérer :
se réjouir sans se perdre,
respirer sans oublier l’insécurité, la précarité et l’instabilité qui tuent, blessent, violent, volent, terrorisent et déstabilisent la société, célébrer sans abandonner l’essentiel.
Que ce Noël soit un moment de chaleur humaine, de solidarité discrète,
de joie mesurée,
de méditation et surtout de réflexion collective.
Car après la fête,
il faudra encore se lever,
penser, agir, et reconstruire.
Le Centre ABC appelle à une joie responsable, à une liberté consciente,
et à une espérance active.
CENTRE ABC
ATIZAN BON CHANJMAN
Delmas, Haïti
Lundi 22 décembre 2025

