Quelle ne fut notre surprise en lisant une information publiée, ce mercredi 13 novembre 2024, sur son compte X (anciennement Twitter) par Radio Télé Métronome. Selon cette source, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis mènerait une enquête contre l’ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Jean Baden Dubois. Cette enquête porterait sur une panne générale jugée douteuse qui aurait paralysé le système de la BRH en 2023, mettant en lumière de potentielles failles internes dans la gestion de l’institution.
Contexte de l’enquête
La BRH, en tant que pilier du système financier haïtien, a traversé des périodes d’instabilité marquées par des crises économiques et des tensions politiques. Cette nouvelle affaire, impliquant un ancien gouverneur, arrive à un moment où les institutions publiques haïtiennes peinent à regagner la confiance de la population et de la communauté internationale.
Jean Baden Dubois, connu pour sa carrière exemplaire dans le secteur bancaire, n’a jamais vu sa compétence ou sa crédibilité directement remises en cause. Pourtant, cette enquête de l’OFAC concernant un supposé cas de corruption pourrait ternir son image et, par extension, celle de la BRH.
Un ciblage qui soulève des questions
L’OFAC, reconnu pour son rôle dans le traçage des flux financiers et la lutte contre la corruption, semble avoir choisi de cibler directement l’ancien gouverneur. Cette décision soulève plusieurs interrogations :
L’enquête a-t-elle déjà exploré le rôle des responsables techniques et du directeur général, directement impliqués dans la gestion des outils et la coordination des opérations quotidiennes ?
Si oui, ont-ils incriminé M. Dubois dans leurs déclarations ?
Cette accusation pourrait-elle être motivée par des intérêts politiques ou des règlements de compte internes ?
Ces questions sont d’autant plus pertinentes que, suite au départ de Jean Baden Dubois, le directeur général de l’époque a été promu à la tête de la BRH. Ce fait interpelle : cette promotion a-t-elle un lien avec la panne incriminée ?
Les sanctions : une arme à double tranchant
Depuis plusieurs mois, l’OFAC a frappé des personnalités politiques et économiques haïtiennes par des sanctions qui ont eu des conséquences significatives sur leurs carrières et leur réputation. Ces mesures, bien qu’efficaces pour combattre la corruption, peuvent parfois manquer de transparence et laisser place à des erreurs. Plusieurs figures sanctionnées attendent toujours des preuves tangibles pour se défendre devant les tribunaux.
Dans ce contexte, l’affaire Jean Baden Dubois pourrait renforcer la perception d’une justice asymétrique où des accusations graves sont portées sans preuves publiques. Une telle situation pourrait fragiliser davantage la confiance dans les institutions haïtiennes et internationales.
Pourquoi maintenant ?
Cette information, diffusée par Radio Télé Métronome sans révéler ses sources, arrive à un moment stratégique. En Haïti, chaque transition politique est marquée par des manœuvres visant à écarter ou promouvoir certaines figures clés. La fuite de cette enquête serait-elle destinée à empêcher un éventuel retour de Jean Baden Dubois à la tête de la BRH ? Cette hypothèse est plausible, compte tenu des luttes d’influence qui entourent les postes stratégiques dans le pays.
Appel à une enquête rigoureuse et transparente
Si l’objectif de l’OFAC est de faire la lumière sur les responsabilités dans cette panne générale, il est impératif que l’enquête soit conduite de manière transparente, impartiale et exhaustive. Cela inclut :
1. Examiner toutes les chaînes de responsabilité : Des techniciens aux décideurs stratégiques.
2. Garantir une communication claire : Les résultats de l’enquête doivent être rendus publics pour éviter toute spéculation.
3. Protéger l’intégrité des institutions : Les conclusions doivent renforcer la confiance dans la BRH, et non l’affaiblir.
En attendant les résultats, il est crucial que la population haïtienne reste vigilante face aux tentatives d’instrumentalisation politique de ce dossier. L’enjeu dépasse la personne de Jean Baden Dubois : il s’agit de la crédibilité et de la stabilité du système financier haïtien.
Marc-Athur Édouard