Le côté encore plus criminel de la corruption au sein de la Police nationale d’Haïti (PNH) est qu’en dehors des destructions programmées des matériels très coûteux, il peut provoquer des pertes directes et indirectes en vies humaines qui auraient pues être facilement évitées si les corrupteurs et les corrompus avaient la moindre humanité ou même un brin de sentiment de patriotisme.
Dans un article publié dans le journal canadien le Devoir, Eugène Gerstein, un associé directeur d’INKAS, l’entreprise à laquelle le gouvernement haïtien avait commandé dix-huit (18) chars blindés en vue de lutter contre cette multiplication de gangs armés dans le pays, a reproché à la PNH d’avoir fait un mauvais usage des engins. »la Police nationale haïtienne avait ruiné l’un des nouveaux véhicules en passant de deux à quatre roues motrices, ce qui a bloqué le différentiel », a révélé M. Gerstein.
Et si c’était voulu ?
Selon la révélation de certains agents policiers qui ont gardé l’anonymat, il y a une vieille pratique au plus haut niveau de la PNH, consistant à provoquer le dommage des véhicules roulant de l’institution en vue de placer d’autres commandes outre des procédures de passation des marchés publics, pour bénéficier de la commission et faire de la surfacturation. « une pratique malheureusement qui persiste encore », regrette l’un des agents, affirmant que certains hauts gradés prennent un malin plaisir à utiliser dans des opérations des véhicules de transport de troupe à la place des chars de combats, ce qui a pour conséquence, conclut-il, la destruction du véhicule par les bandits lourdement armés et encore pire, l’assassinat des policiers dans certains cas. Tous ceux-ci pour s’enrichir à partir de nouvelles commandes illégales.
Les dix-huit (18) blindés récemment commandés par l’État haïtien ne sont pas exempts de ces scandales de corruption sus-citées, si l’on se fie aux témoignages de l’un de ces policiers frustrés. « Il y a plusieurs véhicules de transport de troupes ou de guerre tout dernièrement achetés qui sont déjà spectaculairement tombés en panne ou pris à dessein dans les embuscades des gangs », a soutenu un agent sans citer de nom.
Selon toujours les révélations du directeur de l’entreprise INKAS, « les autorités ont procédé à des modifications dans le contrat », ce qui implique du coup l’ajustement des coûts sur la base des engins mieux adaptés à la réalité de l’environnement haïtien. N’y a-t-il pas lieu de croire que les dix-huits (18) mois de Frantz Elbe à la tête de l’institution policière ne profitent qu’aux gangs armés et des bandes de corrompus et corrupteurs au détriment général de la population haïtienne qui ne savent à quel se vouer face à leur descente aux enfers ?
Jean-Maxime Adrien