A bien analyser le large spectre d’opinions favorables à M. Gary Conille pour le poste de premier ministre, il semblerait que l’opinion publique haïtienne, si elle est écoutée de façon raisonnable par les honorables membres du conseil présidentiel, va faire pour une fois le bon choix. Ce choix réclamé par les associations de jeunesse, par de multiples groupes socioprofessionnels, par des associations syndicales et beaucoup d’autres groupes venus des divers secteurs de la vie politique, économique et sociale du pays engage monsieur Conille à s’investir complètement dans la quête d’une solution définitive à la crise qui affecte le pays et qui infecte les compatriotes haïtiens.
Pour une fois encore, monsieur Conille a rendez-vous avec l’histoire. Cependant, ce rendez-vous avec l’histoire ressemble beaucoup plus à un rendez-vous devant l’histoire par l’obligation de réussir qui s’affiche en tenant compte des attentes de toutes celles et de tous ceux qui l’ont supporté et qui lui ont fait confiance.
Il est, certes, évident que le choix des secteurs de la majorité nationale qui l’ont soutenu n’a rien de naïveté, en ce sens qu’il se justifie par le parcours professionnel et les grandes qualités de ce garçon qui priorise le dialogue et l’action dans toute ses démarches.
Cependant, la montagne risque d’accoucher d’une petite souris si tous les membres du corps présidentiel ne s’engagent pas eux-mêmes pour lui rendre la tâche facile.
On connaît bien l’honorable sénateur Edgard Leblanc fils, président du conseil. C’est quelqu’un qui a un certain esprit de dépassement de soi et d’acceptation des différences, on peut se rassurer du niveau élevé d’accompagnement que le président du conseil peut apporter pour soutenir l’action gouvernementale au profit du peuple haïtien en général. M. Édgard Leblanc a en maintes occasions montré à la classe politique, aux observateurs avisés et à la population en général le niveau de faire-play politique dont souvent il fait montre au nom de la démocratie et des valeurs éternelles de l’humanisme et de la civilisation véritable. Le couple Leblanc/Conille pour démarrer la transition sera d’une entente presque parfaite pour affranchir le pays de sa situation actuelle et l’engager dans la voie du progrès en vue de l’accroissement du capital social de production au niveau national et de la satisfaction des besoins élémentaires de la population.
Fritz Alphonse Jean, déjà connu pour sa rigueur, mais aussi pour son sens de la détente et du dépassement, s’est encore fait connaître, il n’y a pas longtemps, en acceptant de céder sa place dans la présidence tournante du conseil pour éviter qu’une nouvelle crise ne vienne perturber une fois de plus le fonctionnement du conseil. C’est ce don de dépassement qu’il nous faut pour créer au profit de la jeunesse montante des lendemains meilleurs. M. Fritz A. Jean, ne devrait pas être un obstacle pour monsieur Conille surtout quand on connaît l’attachement de ce monsieur pour le développement de l’économie nationale, pour un nouvel ordre societal haïtien.
Le docteur Louis Gérald Gilles, homme de dialogue, toujours accroché à ses convictions intellectuelles et aux valeurs d’éthique trouvera sans la négliger cette belle opportunité de montrer sa grandeur et son sens de l’honneur national en priorisant un dialogue franc et constructif qui libérera le pays de ses entraves doublement séculaires.
On pourrait en dire autant de l’architecte Leslie Voltaire en prenant à profit sa sincérité politique, son caractère rectiligne et sa rigueur. Il devrait pouvoir offrir à monsieur Conille son savoir-faire afin d’écrire avec lui l’une des plus belles pages de notre histoire nationale à ce moment bien précis où l’abandon de soi conduira à l’avancement de soi-même.
Personne ne devrait douter de la bonne volonté de monsieur Saint-Cyr. Le fait pour lui d’avoir mis de côté la présidence de la chambre de commerce et d’industrie d’Haïti pour intégrer le haut conseil de la transition puis le conseil présidentiel de transition montre de façon clairement visible qu’il est prêt à faire des sacrifices énormes pour le bien de la patrie commune. L’arrivée de Gary Conille à la primature sera pour lui une belle occasion de justifier son engagement et ses choix qui parfois tiennent lieu d’ambiguïté nécessairement stratégique.
Il en serait de même pour les sieurs Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire dont l’intégrité ne saurait être mise en question jusqu’à cette présente minute en tenant compte de la confiance que leur groupe a placée en eux. Ils pourront non seulement se décerner un satisfecit pour avoir comblé l’attente de cette majorité qui souhaiterait mettre monsieur Gary Conille à l’œuvre mais aussi composer avec lui pour écrire cette histoire dans la dignité et l’esprit d’ouverture. Monsieur Vertilaire ne vient pas de nulle part. Il représente une structure politique gérée par l’intelligence pointue d’un leader qui prend la température du temps politique en temps réel pour un ajustement réaliste et politiquement compréhensible. La conjoncture actuelle pourrait alors guider monsieur Vertilaire dans ce choix intelligent et réaliste pour offrir avec monsieur Conille une sortie de crise au pays et une belle perspective d’avenir à la population en général qui a besoin de vaquer librement à ses multiples activités. M. Smith Augustin trouvera, on n’en doute surtout pas, dans la philosophie moderniste prônée par son équipe, toutes les raisons conjoncturelles pour s’affirmer à côté de monsieur Conille comme celui qui aura contribué à sortir le pays de cet enfer qui ne dit pas son nom.
L’honnêteté caractérise les grands hommes.
L’histoire universelle nous montre que c’est dans ces moments de grande crise que la citoyenneté s’investit, que l’honneur engage, que la grandeur et la magnanimité des hommes s’expriment. Le conseil présidentiel, dans son ensemble, doit faire en ce sens un effort de surpassement. C’est cet effort qui leur imposera un détachement stratégique de leur groupe politique pour agir désormais en hommes d’État et prendre les décisions que la raison d’État suggère. Au carrefour où l’irresponsabilité des uns et l’égocentrisme des autres ont placé le pays, il est impératif que la nation entière se mobilise à travers les groupes organisés et l’action de toutes et de tous pour éviter que le pire ne se produise.
Si tous les membres du conseil arrivent à comprendre cette nécessité de se dépasser non seulement pour choisir ce que la grande partie de l’opinion publique exige mais aussi pour ensemble commencer l’année 0 du développement d’Haïti pour une transition économiquement et socialement rentable, nous pourrons nous dire que monsieur Conille et les membres du conseil avaient rendez-vous avec l’histoire pour rendre possible ce qui est nécessaire. C’est dans l’incertitude des temps peu ordinaires que se manifeste l’esprit national dans un élan de haute spiritualité qui interpelle les dieux tutélaires de la nation. Nous ne devrions, en aucune façon, nous passer de cette occasion que le déterminisme de l’histoire nous offre pour modifier la carte routière du bateau national qui risque le naufrage.
Cependant si après avoir choisi monsieur Conille, les membres du conseil ne font pas preuve de magnanimité pour ensemble avec lui entrer dans l’histoire, monsieur Conille sera obligé de s’engager devant l’histoire en adoptant l’attitude la plus logique qui soit pour satisfaire les besoins de la population et fermer la vanne de la violence dans le pays en général.
Le peu que l’on puisse souhaiter,c’est qu’il soit le choix de toutes, de tous, de chacun et de chacune des haïtiennes des haïtiens, et de tous les membres du conseil présidentiel soucieux de l’avenir de notre chère république.
Évitons qu’à l’avenir la nation entière nous demande des comptes à cause des occasions ratées et des opportunités manquées.
Leslie Gélin
Libre penseur