Ce matin, une question me brûle l’esprit : Pourquoi, dans la vie civile, on vous considère comme un homme honnête, un modèle d’intégrité, mais dès que vous acceptez une fonction au sommet de l’État, vous devenez soudainement un corrompu, un criminel ?
Ce constat est douloureux. Mais ce qui l’est encore plus, c’est de voir même vos amis les plus proches, ceux qui connaissent votre valeur, commencer à douter de vous. Non pas parce qu’ils ont découvert une vérité cachée, mais souvent parce que vous n’avez pas pu satisfaire toutes leurs attentes. Être président, premier ministre ou ministre ne signifie pas être tout-puissant. Pourtant, en Haïti, quand un dirigeant ne peut pas tout donner, il est abandonné, calomnié, trahi. Au lieu de le défendre, on préfère garder le silence, laissant planer le doute, ou pire, on l’accuse pour l’enfoncer encore plus.
Quand sommes-nous devenus aussi cruels ? Nous n’avons pas toujours été un peuple de voyous. Notre histoire témoigne de notre grandeur, notre culture reflète notre dignité. Et pourtant, notre génération, en accumulant échec sur échec, est devenue la pire que ce pays ait connue. Nous sommes passés maîtres dans l’art de la destruction, de la calomnie, de la désinformation. Plutôt que de vérifier une information, nous la partageons aveuglément, sans mesurer les ravages qu’elle peut causer. Nous avons transformé la vérité en une arme et la rumeur en un mode de vie.
Aujourd’hui, un président, un premier ministre ou un ministre ne peut plus travailler en paix. Nous avons créé un climat où plus aucun homme ou femme de bien n’acceptera de servir ce pays. Ce n’est pas ainsi que l’on bâtit une nation, c’est ainsi que l’on creuse sa tombe.
Haïtiens, ouvrons les yeux. L’ennemi n’est pas celui qui essaie, malgré tout, de faire avancer ce pays. L’ennemi, c’est cette haine qui nous consume, cette obsession de détruire plutôt que de construire. Il est temps de briser ce cercle vicieux. Haïti a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles. Elle a besoin de nous, unis, et non divisés par la calomnie.
Aurélien JEAN MARIE
Montréal samedi 22 février 2025