Dans les imaginaires des dirigeants politiques haïtiens, des intellectuels, des autorités de la Présidence, du Gouvernement et de l’Administration publique haïtienne, comme dans les pratiques et les structures des mécanismes dysfonctionnels et du délabrement de l’État haïtien, persiste l’expérience pluraliste de la mal gouvernance par tous les secteurs politiques et de la société civile accédés au pouvoir en Haïti.
Dans la logique de la Restauration de l’Autorité de l’État haïtien, dont la routinisation de la démocratie haïtienne est à la fois une méthode et une pratique, se construit la croyance du changement de l’État haïtien qui est abîmé, décomposé, décadent, dégradé, dépravé, désagrégé, ruiné, détérioré, failli et effondré. Cependant, c’est toujours le retour d’un ordre ancien qui n’est même pas revu, corrigé et recyclé. Entre les passés concurrents d’une part, et entre les actes présents et l’avenir du nouveau pouvoir, ces habitudes ont un effet en commun : le rétablissement du statu quo ex ante.
Avec les apparences politiques flatteuses et trompeuses, la lutte pour la Restauration de l’Autorité de l’État haïtien ne sera pas un combat facile pour le Conseil Présidentiel de Transition et le gouvernement du Premier Ministre Garry Conille.
La politique de l’effervescence pluraliste impacte les logiques de situation avec fatalité et fermeture des possibles, ce qui ne mettra pas fin au dynamisme des potentialités politiques et des conflictualités institutionnelles.
En effet, l’initiative noble et louable de la restauration de l’autorité de l’État par le Conseil Présidentiel de Transition et le Premier Ministre Garry Conille doit être incrustée et imprimée dans la pensée de chaque citoyen haïtien comme un devoir civique impérieux d’apporter son total soutien et appui à la Restauration de l’Autorité de l’État.
En somme, pour assurer la restauration de l’autorité de l’État, la stratégie à proposer par le Premier Ministre Garry Conille et son gouvernement composé de 13 ministres technocrates et techniciens devra s’articuler autour des axes d’interventions réalistes et complémentaires, à savoir : instaurer la sécurité et rétablir la paix ; restructurer l’administration publique dans ses fonctions, missions, compétences et moyens logistiques et didactiques dédiés ; améliorer et promouvoir la gouvernance des collectivités territoriales et rurales par le renforcement de la déconcentration des services publics, la décentralisation, la responsabilisation et le développement à la base ; soutenir les industries locales par un cadre politique de partenariat parapublic ; réformer l’accès aux marchés publics et éviter le monopole ; investir dans la création de l’emploi des jeunes et du développement rural ; institutionnaliser un cadre de dialogue social dans le secteur de l’éducation ; harmoniser le curriculum au niveau de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur ; renforcer le cadre du contrôle de la qualité des enseignements dans les universités publiques et privées ; mettre en place un cadre de dialogue permanent entre les syndicats des travailleurs, le gouvernement, les organisations patronales et de la société civile ; renforcer les institutions de la protection sociale et de la sécurité sociale, mettre en place un fonds de soutien pour l’entrepreneuriat des jeunes et l’autonomisation des femmes en milieu rural ; faciliter et créer des entreprises de transformation au niveau local.
Face aux enjeux du pouvoir, il s’avère nécessaire et urgent de recadrer et réorienter l’État haïtien pour ne plus conduire le pays à des méthodes de travail inefficaces, à de mauvaises prises de décisions et à un manque de prise en charge pour accomplir les tâches et les missions de l’État.
En somme, le gouvernement du Premier Ministre Garry Conille doit assurer la réorganisation de l’Administration Publique pour une prestation optimale et maximale des services ; le gouvernement doit être en phase avec les citoyens et les citoyennes ; le gouvernement de la dernière occasion et de la dernière chance du Premier Ministre Garry Conille doit être inévitablement, assurément, nécessairement, obligatoirement, infailliblement, sans conteste, à tous les coups, de toute évidence efficace et efficient au plan institutionnel et opérationnel dans l’accomplissement de ses missions et dans la matérialisation et la réalisation des objectifs des neuf entités politiques et sociétés civiles composant l’historique Conseil Présidentiel de Transition et à l’adhésion des 9 Conseillers Présidentiels pour la paix, la justice et la stabilité.
Au demeurant, l’État haïtien doit disposer d’une feuille de route rationnelle et pragmatique afin de restaurer durablement sa puissance et son autorité. Incontestablement, les défis sont de taille. Les enjeux politiques et institutionnels sont si importants que nous devons être prêts à tous les sacrifices pour un changement et une bonne gouvernance de l’État et à demeurer mobilisés et motivés pour y arriver. Et nous y arriverons avec science et conscience pour une nouvelle Haïti.
Docteur Jean Willio Patrick Chrispin.