L’année 2025 doit incarner le combat pour la vérité, la justice, l’équité et l’égalité des droits dans notre pays, trop longtemps marqué par la tromperie, le vol, la corruption et la violence ; ces pratiques ne sont rien d’autre que le dernier refuge de l’incompétence. Les élites haïtiennes, incapables de réformer, n’ont cessé d’échouer à initier le changement nécessaire, à impulser une transformation durable, ou à instaurer une éducation et une vision claire pour l’avenir.
Notre pays a besoin d’un projet ambitieux et salvateur, porté par une élite patriotique audacieuse, déterminée à rompre avec les pratiques délétères qui gangrènent la gestion de la République depuis près de trois décennies. Il est essentiel d’instaurer une véritable renaissance politique, économique et sociale, incarnée par des leaders intègres, capables de restaurer la confiance du peuple en ses institutions.
Les forces vives de la nation doivent s’unir pour éradiquer les abus perpétrés par les oligarchies politiques et économiques. Ces dernières, en utilisant des pouvoirs illégaux et illégitimes, ont placé leurs intérêts privés au-dessus du bien commun, plongeant le pays dans la pauvreté, le désespoir et l’indignité.
Il est temps de bâtir une République fondée sur la justice, l’éthique et la transparence, où le bien-être collectif prime sur les ambitions personnelles et les intérêts particuliers. Ensemble, nous pouvons mettre fin à ce cycle de déclin et ouvrir la voie à un avenir prospère, digne et équitable pour tous.
Cet État, corrompu et dominé par une minorité aux pratiques mafieuses, s’efforce par divers moyens et alliances d’écarter le peuple du processus démocratique menant à la prise du pouvoir. En agissant ainsi, il plonge le pays dans une dégradation de sa souveraineté nationale, qui appartient pourtant exclusivement à la nation. C’est cette souveraineté qui permet au peuple de faire librement ses choix démocratiques concernant ses gouvernants.
Le choix d’élire librement et de manière éclairée a été catégoriquement refusé par l’imposition de gouvernements de transition, qui repoussent sans cesse la démocratie. Illégitimes, ces gouvernements de facto permettent à des hommes politiques, incapables de se soumettre au suffrage universel, de piller les ressources du pays en toute impunité.
N’avons-nous pas constaté que certains partis politiques, choisis par la communauté internationale, devenue la seule « source de légitimité », ont été intégrés parmi les représentants au Conseil présidentiel de transition ? Force est de se demander quelle représentativité et quelle légitimité peuvent revendiquer les organisations de la société civile triées par cette même communauté internationale pour occuper les échelons les plus élevés de la hiérarchie gouvernante du pays, dans le cadre de sa stratégie manifeste de privatisation de l’État haïtien. Une question s’impose : pourquoi la communauté internationale place-t-elle, sur notre échiquier politique, des acteurs extérieurs à l’arc républicain, ayant infligé de graves atteintes à la démocratie libérale ?
La demande de certaines formations politiques d’intégrer les groupes armés responsables des atrocités les plus choquantes pour la conscience universelle fait-elle partie du plan continu de la stratégie de domination des élites de l’État profond des États-Unis, ferventes partisans de la guerre et de la violence armée sous toutes ses formes, visant à maintenir l’indépendance d’Haïti sous contrôle ?
Le Conseil présidentiel de transition (CPT), instauré suite au renversement d’Ariel Henry par la communauté internationale, en partenariat avec différentes factions de l’opposition de l’époque et des groupes armés, représente une coalition marquée par l’influence de secteurs mafieux. Ce conglomérat inclut des contrebandiers, des trafiquants d’armes, ainsi que des acteurs de multiples trafics illicites. Ces élites rongées par les vices ont fait leur temps. Cette structure, dominée par des individus toxiques et détestables, incarne le cynisme – ou peut-être simplement l’indifférence – de l’administration de Joseph R. Biden et de son secrétaire d’État, Antony Blinken, envers Haïti.
On ne peut ne pas se demander s’il n’y a pas là un manque flagrant de considération à l’égard du peuple haïtien – et même du racisme -, en soutenant un exécutif haïtien fragmenté en dix entités. Cette approche semble s’inscrire dans une stratégie de déstabilisation du pays, visant à remettre en question la capacité des Haïtiens à gérer leur propre destin.
We have to fight for Haiti ! Nous devons nous battre pour Haïti. Les méfaits de la politique américaine en Haïti depuis des lustres sont connus, et la brutalité américaine à l’égard de notre pays est un fait. Mais cela ne doit pas nous conduire à une position anti-américaine, qui, à mon avis, serait stérile et improductive. Les États-Unis, notre grand voisin, doivent compter pour nous. Ce qui nous manque cruellement, c’est une élite patriotique, intègre et compétente, capable de défendre les intérêts nationaux d’Haïti et de définir le schéma directeur du développement chez nous.
Après la chute du régime héréditaire des Duvalier en 1986, Haïti a opté pour une démocratie libérale, caractérisée par l’affrontement des visions divergentes, des philosophies opposées et la mise en concurrence des projets. En effet, l’idée d’une conférence nationale visant à établir un consensus sur les orientations et politiques à mettre en œuvre s’oppose directement au principe du pluralisme idéologique.
Dans un avenir proche, des élections transparentes doivent être organisées dans le pays afin de permettre au peuple d’exercer son droit fondamental en démocratie : choisir les dirigeants qui le gouverneront. Ces consultations électorales doivent se tenir dans les plus brefs délais, conformément à la Constitution haïtienne de 1987. Cette dernière impose le respect des lois tant aux futurs dirigeants démocratiquement élus qu’aux citoyens, et elle doit être protégée de toute influence globaliste ou mondialiste visant à imposer des solutions étrangères. Ces solutions, testées ailleurs, sont inacceptables car elles ne correspondent ni à nos coutumes, ni à nos valeurs traditionnelles fondamentales, ni à nos sensibilités culturelles.
Dans cette perspective, il est impératif de favoriser l’élaboration d’un savoir juridique profondément enraciné dans nos réalités locales, respectueux de notre relation avec Dieu et en harmonie avec notre identité nationale. Les élections doivent également garantir des compétitions transparentes, justes, sincères, honnêtes et démocratiques, évitant une démocratie pervertie par des intérêts globalistes. Nous devons nous protéger contre toute tentative d’instauration de régimes autoritaires issus d’élections truquées et manipulées, qui détourneraient le droit et la loi au détriment de la souveraineté nationale.
Lors de ces élections devenues chaque jour plus indispensables, dans un environnement sécuritaire indispensable, nous espérons que le peuple revendicateur et la jeunesse consciente infligeront une sanction exemplaire à toutes les oligarchies qui ont conduit notre pays à la ruine.
Si les hommes de bien et de valeur, les Haïtiens animés de bonne volonté, croient encore à la possibilité d’une œuvre de rédemption nationale, unissons nos forces ! Combattons ensemble pour le triomphe d’une cause commune, afin de redonner à notre nation une vigueur nouvelle face à une dépression collective qui s’éternise, et une espérance renouvelée pour continuer à croire en un avenir meilleur.
La neutralité n’est qu’une forme de démagogie politique et intellectuelle. Engageons-nous avec intention et détermination pour favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de politiciens dans notre pays. Cette classe politique actuelle, au cours de la dernière décennie, a causé plus de victimes que durant les 29 ans de règne des Duvalier. Elle a fait couler trop de sang dans notre pays. Et quand le sang coule trop longtemps, il finit par s’assécher. Aujourd’hui, il est temps de nettoyer le marécage de ses eaux nauséabondes. L’année 2025 doit être celle de l’évacuation de tous les acteurs de la violence et des agents de la domination du chaos, responsables des souffrances infligées au peuple haïtien.
Restons fermes dans la foi ! Haïti est un pays qui porte dans son cœur la bénédiction de Dieu.
Make Haiti great again!
Sonet Saint-Louis av
Professeur de droit constitutionnel et de méthodologie de la recherche juridique à la faculté de droit et des sciences économiques de l’Université d’Etat d’Haïti
Professeur de philosophie
Sous les bambous,
La Gonave, 16 janvier 2025
Tel 44073580
sonet.saintlouis@gmail.com