Depuis son retour à la tête de la Police nationale d’Haïti (PNH), Normil Rameau a échoué à redresser l’institution, à restaurer l’autorité de l’État et, surtout, à protéger la population. Son mandat est marqué par une inaction flagrante et une absence de résultats concrets. L’attaque sanglante perpétrée récemment le gang Viv Ansanm à Kenscoff en est la preuve la plus accablante. Plus de 50 morts, des dizaines de maisons incendiées, une population traumatisée et livrée à elle-même. Face à cette tragédie, une question s’impose : que fait encore Normil Rameau à la tête de la PNH ?
Selon un rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), cette attaque a été soigneusement planifiée et annoncée. Dans la nuit du 26 au 27 janvier 2025, les assaillants ont attaqué plusieurs zones de Kenscoff, notamment Bongard, Souçailles, Chauffard, Via, Bélot, Kafou Bèt, Mache Gode, Barrouette et Bwa Majò. Des témoignages affirment que les criminels, armés de fusils d’assaut, ont exécuté des familles entières, incendié des maisons et pillé les biens des résidents.
D’après le RNDDH, l’attaque a été facilitée par Pierfils Orvil, un évadé de prison originaire de Kenscoff, qui a aidé les assaillants dirigés par leur chef, Didi, à infiltrer les zones ciblées. Les criminels ont utilisé des routes détournées, passant par Bèlisèt, pour prendre les quartiers Bongo, Kafou Bèt et Mache Gode d’assaut. Une fois sur place, ils ont semé la terreur, tuant sans distinction et forçant des centaines d’habitants à fuir.
Malgré la violence et la durée de l’attaque, la police n’est intervenue qu’au matin du 27 janvier. Selon le rapport, des unités spécialisées de la PNH, appuyées par des membres de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), sont arrivées trop tard pour empêcher le carnage. Bien que certains assaillants aient été repoussés, plusieurs zones sont restées sous leur contrôle, notamment Bélot, Kafou Bèt, Krevitè et Bwa Majò, en raison de routes impraticables et de barricades installées par les criminels pour empêcher l’avancée des forces de l’ordre.
Des moyens disponibles mais sans résultats
L’inaction de la PNH ne peut plus être justifiée par un manque de moyens. Depuis l’arrivée du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé le support de la PNH a été renforcé, des fonds colossaux ont été alloués à la sécurité nationale ajouté à ce renforcement commence depuis juillet 2024 :
12 millions de gourdes mensuels pour le DG de la PNH,
10 millions de gourdes annuels pour son logement,
Augmentation des budgets d’opérations et primes indues pour certains cadres,
Réception massive d’équipements militaires et logistiques : blindés, armes, drones, radios, uniformes…
Pourtant, malgré ces ressources, l’institution policière demeure inapte à lutter efficacement contre les gangs. Pourquoi ?
Un leadership inefficace, voire complice
Depuis son retour, Normil Rameau n’a démantelé aucun gang majeur. Au contraire, ceux-ci ont consolidé leur pouvoir et élargi leur emprise territoriale. Loin d’être un protecteur du peuple, Rameau semble être un gestionnaire du chaos, intervenant toujours après les massacres pour simuler une réaction tardive et inefficace. Son maintien à la tête de la PNH soulève des interrogations :
Pourquoi le gouvernement persiste-t-il à lui faire confiance malgré son échec manifeste ?
Pourquoi les interventions policières contre les gangs restent-elles superficielles et sans impact durable ?
Combien de morts faudra-t-il encore avant qu’une décision radicale soit prise ?
La population haïtienne ne peut plus tolérer cette insécurité endémique orchestrée par l’inaction des autorités. Normil Rameau doit assumer ses responsabilités et démissionner immédiatement. Si la PNH ne peut plus protéger les citoyens, alors elle est complice de leur massacre.
Me Ricardo A. Pierrot