À peine avait-il appris l’annulation de son visa d’entrée aux États-Unis, alors qu’il s’apprêtait à monter à bord d’un vol de la compagnie aérienne Sunrise Airways à l’aéroport du Cap-Haïtien pour rejoindre sa famille, Me André Michel a annoncé sa volonté de se porter candidat à la présidence lors des prochaines élections dans le pays en vu de mettre de l’ordre dans le pays.
Sur son compte X, le samedi 27 juillet 2025, le leader du Secteur Démocratique et Populaire (SDP) a déclaré, en guise de réaction :« J’annonce mes ambitions présidentielles […] L’élimination des gangs armés est ma première priorité ! Nou pa nan dyalòg ak gang ! »
Mais pour plusieurs observateurs, cette annonce ressemble à une tentative de diversion, un moyen de détourner l’attention du camouflet diplomatique subi publiquement au Cap-Haïtien. En pleine tourmente politique, où le fils de l’ancien président Jovenel Moïse, Joverlain Moïse, a adressé une correspondance au Secrétaire d’État américain Marco Rubio pour exiger la poursuite de l’enquête sur l’assassinat de son père, le timing de la sortie de Me Michel laisse perplexe.
Accusé d’avoir influencé, à tort selon certains, les gouvernements des États-Unis et du Canada sur les noms à sanctionner sous l’administration du Premier ministre Ariel Henry, le leader du SDP semble aujourd’hui vouloir revêtir les habits du nationalisme et de l’homme d’État responsable.
L’auto-proclamé « Avoka pèp la », qui menaçait jadis de « redwi peyi a an sann » si Jovenel Moïse accédait au pouvoir, et appelait quiconque à le « gifler » — car, disait-il, « se yon ti vagabon k ap fè dezòd » — cherche-t-il aujourd’hui une forme de rédemption ? Ou tente-t-il, par l’annonce précipitée de sa candidature à la présidence, de minimiser la décision américaine en guise d’exprimer publiquement sa frustration et sa déception ?
Si, pour certains critiques, l’ancien candidat malheureux au Sénat de la République ne devrait plus être considéré comme un incitateur à la violence puisqu’il semble avoir commencé à « mete dlo nan diven l » ; d’autres estiment que c’est parce que son adversaire d’hier s’appelait Jovenel Moïse, et que « kreyon listwa pa gen gòm » car, comme dit le vieil adage, vos actes vous suivent.
Frantz Jean-Louis