Hier mercredi 19 mars 2025, le gouvernement haïtien et le CPT, par l’intermédiaire de leur Task Force, ont porté un coup sans précédent aux gangs armés. Une dizaine de drones kamikazes ont été déployés pour frapper plusieurs bastions du groupe criminel « Viv Ansanm » à Gran Ravin, Village de Dieu et Delmas 32, 40a, 40b entre autres. Cette opération a neutralisé une vingtaine d’individus qui s’apprêtaient à attaquer des quartiers comme Turgeau, Bois-Patate et Débussy, Canapé-Vert…
Mais alors que cette initiative représentait une avancée significative dans la lutte contre l’insécurité, un scénario inattendu s’est produit : quelques heures après, une manifestation a éclaté. Des brigadiers et groupes d’autodéfense de Canapé-Vert, de Bourdon et de Carrefour-Feuilles ont protesté contre le gouvernement, dénonçant un prétendu abandon de la population face aux gangs. Une revendication surprenante, d’autant plus que ces mêmes groupes réclamaient depuis longtemps des actions fermes contre les criminels.
Plus troublant encore, Jeff Gwo Lwa, l’un des chefs du groupe « Viv Ansanm » a salué cette manifestation, affirmant que les manifestants et les gangs partageaient un même objectif : contraindre l’État à assumer pleinement ses responsabilités. Cette coïncidence soulève une question essentielle : comment expliquer qu’une partie de la population proteste contre une opération qui vise justement à la protéger ?
Les gangs, affaiblis par ces frappes inédites, auraient-ils trouvé une nouvelle arme en manipulant l’opinion publique ? La confusion entretenue par certains leaders locaux pourrait-elle détourner l’attention du véritable enjeu : le démantèlement des groupes criminels ?
Il est essentiel que la population prenne du recul et se demande à qui profite réellement cette agitation. L’État a enfin frappé fort. Se laisser manipuler reviendrait à donner aux gangs l’opportunité de continuer en toute quiétude leurs exactions.
Jean-Samson Étienne