Sans faire trop de circonlocutions je veux partager avec vous mes inquiétudes au sujet de l’éducation en Haïti.
Je n’ai pas l’intention de vous déranger, mais si cela arrive, prière de me supporter car je suis au bord de la crise ; ce qui peut être idem pour vous, car je suis persuadé que ce que je vais vous raconter est fort probablement une situation commune.
Oui! Une situation commune, si vraiment on est tous Haïtiens. Nous sommes dans une situation inexorable qui devrait nous taper tous sur les nerfs afin de nous questionner sur notre avenir et celui de nos progénitures.
Mes compatriotes, si vous me permettez de vous considérer ainsi, je vais vous demander quelque chose qui a l’air difficile, mais il est pourtant simple.
Allez-y ! Faites abstraction de vos soucis personnels pendant quelques minutes pour faire un petit tour d’horizon sur la situation du pays. Sachant déjà que vous êtes éperdument préoccupés par vos propres soucis, nous allons voir ensemble de manière superficielle la détérioration de notre éducation.
L’éducation dans toute société normale est considérée comme un élément de base à son développement. Voyons maintenant comment cela se passe chez nous, tout en considérant ses axes fondamentaux qui sont les lieux de socialisation : la famille, l’école et l’église.
Primo, de quoi parle-t-on quand on dit famille en Haïti? Beaucoup sont ceux qui diraient qu’on parle du père, de la mère et des enfants. Puisqu’ils voient eux-mêmes les éléments mais ils ne tiennent pas compte des liens qui devraient les unir. Par contre, en étudiant ces éléments isolément, on ne peut pas parler de famille, car, de manière stricto sensu la famille est un ensemble. Et parler d’ensemble c’est parler des rapports existant entre les éléments.
Il est d’un constat flagrant que beaucoup d’enfants vivent de manière isolée par rapport à leurs parents et parfois ils ne connaissent même pas qui sont leurs parents. In illo tempore, point n’est besoin de vous dire que ces gens-là sont privés de l’éducation familiale. Or, eux aussi, ils vont avoir des enfants. Par conséquent, il y a lieu que cette même situation s’enchaîne puisqu’on ne peut donner que ce qu’on a. S’il n’existait pas de rares cas de familles qui ont fait bonne contenance, on aurait pu même faire abstraction de ce lieu de socialisation.
Quel avenir pour nos progénitures si nous ne nous criminalisons pas afin de réviser la notion de famille dans notre société ?
Secundo, il y a l’école. Ce mot en Haïti est souvent cause de violentes céphalées avec la prolifération des écoles tant aux niveaux classique, professionnel et universitaire. L’éducation est vraiment en progression vers son point culminant de détérioration.
Comment imaginez-vous que n’importe qui peut dispenser des cours dans une école? Quelle aberration ! On ignore que le savoir est une condition nécessaire, mais non suffisante à l’enseignement, car, ce dernier exige le triplet (savoir, savoir-faire et savoir être).
Ne laissons pas l’enseignement à la merci des désespérés la prenant purement et simplement pour un gagne-pain. S’il n’existait pas certaines écoles et certaines personnes valeureuses qui essayent de faire bonne contenance, on aurait pu dire que l’école n’existe plus en Haïti.
Tercio, il y a l’église. Cette dernière dans son sens large est connue comme une institution de haut prestige. Mais en Haïti, en est-il vraiment le cas ? Tenant compte de la prolifération des sectes religieuses qui, chacune enseigne ses propres valeurs. Dans beaucoup de cas on ne fait pas vraiment état du savoir être de beaucoup des dirigeants d’églises. Et beaucoup sont ceux qui prêchent du n’importe quoi. Sinon quelques rares églises et certains dirigeants qui ont fait bonne contenance, on aurait pu dire que ce lieu de socialisation n’existe plus.
In fine, je crois que l’éducation doit renaître en Haïti. Mais avant tout, il faut que les lieux de socialisation le soient aussi. En passant peut-on ignorer la complicité de la presse dans tout ce tohu-bohu ? Si on peut tenir compte de son pouvoir qui influence la société jusqu’aux tréfonds. Une presse où n’importe qui peut tenir un micro pour dire n’importe quoi ; Une presse qui diffuse n’importe quoi ; une presse contenant des journalistes vaillants on dirait des invertébrés ; n’est-elle pas aussi responsable de la détérioration de notre éducation ?
Je suis persuadé que la presse pourrait jouer un rôle déterminant dans notre éducation en tant que peuple. Mais quelle presse? Sinon quelques rares médias et certains journalistes qui essaient encore de faire la différence, on aurait pu dire que la presse est une arme de destruction pour notre éducation en Haïti.
Quel avenir pour nos progénitures si nous ne nous criminalisons pas afin de réviser la notion de presse dans notre société ?
Zachary Thermo