La révocation du Premier ministre Garry Conille, orchestrée par le Conseil présidentiel de transition (CPT), semble loin de résoudre la crise sécuritaire. Malgré en l’espace de quelques heures, Alix Didier Fils-Aimé a été désigné pour le remplacer, les forces de l’ordre peinent à contenir la sortie fracassant annoncée des gangs armés qui s’emparent de la capitale depuis la levée de la journée.
En effet, la situation sécuritaire à Port-au-Prince est envenimée ce lundi 11 novembre 2024. Des tirs nourris, résonnant sporadiquement dans plusieurs quartiers de la ville, notamment au Bas-Delmas et sur la route de l’aéroport, ont semé la panique parmi les résidents. Les gangs, regroupés en coalition sous le nom « Viv Ansanm », défient ouvertement l’autorité de l’État et prennent pour cible des zones stratégiques de la ville. La population, apeurée, fuit les zones affectées, et les écoles, comme Saint-Louis de Gonzague et le Collège Canado-Haïtien, ont fermé leurs portes pour préserver la sécurité des élèves.
Cette insécurité ne se limite pas aux rues de Port-au-Prince. Un avion de Spirit Airlines en provenance de Fort Lauderdale a été attaqué par des individus armés aux abords de l’aéroport international Toussaint Louverture. Des impacts de balles ont été observés sur le fuselage de l’appareil, et une hôtesse de l’air aurait même été blessée. Cet incident, rapporté par le Miami Herald, illustre la gravité de la crise sécuritaire qui paralyse Haïti en ce moment.
La transition politique à la Primature accentue l’incertitude. Le document révoquant Garry Conille a été signé par huit conseillers présidentiels et soumis aux Presses Nationales pour publication, la signature des trois conseillers-présidents inculpés pour corruption laisse des questions sans réponse quant à la crédibilité de cette décision. Edgard Leblanc, l’un des conseillers, n’a pas apposé sa signature, ajoutant aux spéculations autour des motivations de ce coup d’État politique. Le nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a tout de même prêté serment dans la journée, avec la formation de son gouvernement prévue pour mardi.
Toutefois, l’arrivée de Fils-Aimé à la Primature ne rassure pas la population. Les quartiers désertés témoignent de la méfiance des citoyens envers la capacité du gouvernement à rétablir l’ordre. Les ambassades étrangères, telles que celles des États-Unis, de la France et du Canada, ont fermé leurs portes, tandis que les chauffeurs de transport public hésitent à circuler. L’annonce d’un renforcement des patrouilles de la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’a pas suffi à convaincre les Haïtiens de la sécurité des rues.
À ce stade, la montée en puissance des gangs soulève des inquiétudes quant à la stabilité politique du pays. Le pouvoir fragile du CPT, face à une crise sécuritaire sans précédent, laisse entrevoir un avenir incertain pour Haïti. Alors que la capitale est sous tension, les regards se tournent vers Alix Didier Fils-Aimé. Parviendra-t-il à redresser la situation et à restaurer l’autorité de l’État ? Les autres membres du CPT finiront-ils par se débarrasser des trois de leurs collègues épinglés pour rehausser l’image de leur fonction ?
Frantz Jean-Louis