Dans un pays qui attend de ses dirigeants un minimum de courage moral, la dernière sortie publique de Fritz Alphonse Jean est un triste spectacle. Sanctionné par Washington pour des faits graves, l’homme aurait pu affronter les accusations avec dignité, fournir des explications claires ou assumer sa part de responsabilité. Au lieu de cela, il choisit la voie la plus facile : faire du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé le bouc émissaire idéal.
Lors de son point de presse, loin d’apaiser les inquiétudes légitimes de la population, Fritz Jean s’est contenté d’accuser le chef du gouvernement d’être à la base de ses déboires internationaux. Cette tentative grossière de détourner l’attention ne trompe personne. Elle révèle surtout un manque flagrant de courage politique chez un homme qui prétend incarner une certaine élite morale.
Dans sa tragi-comédie burlesque, heureusement, Fritz Jean, obsédé par l’idée de remplacer le Premier ministre à deux mois de la fin de son mandat, ne pouvait compter sur le soutien des autres conseillers. Sur la scène de la Villa d’Accueil, il était pratiquement seul, à l’exception de Lesly Voltaire, dont la présence semblait plus un geste de courtoisie qu’un véritable appui. Pour spectateurs, les journalistes, conviés à enregistrer et diffuser cette mise en scène.
Comment comprendre qu’un fils du Nord, terre d’Henri Christophe et de résistance farouche, refuse d’affronter frontalement ceux qui l’accusent ? Comment accepter qu’un prétendu héritier de Dessalines préfère viser un compatriote plutôt que de répondre aux questions essentielles ? Ce comportement frise la démission morale. La nation attend des réponses, pas des accusations commodes lancées à la volée.
Il ne s’agit pas ici de défendre le Premier ministre, mais de dénoncer une pratique politique toxique : transformer un problème personnel en querelle interne pour éviter de faire face à la vérité. Une stratégie de diversion classique, mais indigne d’un responsable d’État. En s’en prenant ainsi à Fils-Aimé, Fritz Jean ne fait que confirmer ce que beaucoup redoutaient : il craint la lumière.
La gravité du moment exige pourtant tout le contraire. Quand l’image du pays est déjà lourdement ternie, quand la confiance publique s’effrite, un dirigeant véritable se tient debout. Il ne cherche pas un bouclier humain pour absorber ses propres tempêtes.
Aujourd’hui, Fritz Alphonse Jean avait l’occasion de montrer la stature qu’il revendique. Il a choisi la fuite, le bruit, l’accusation facile. Et ce choix en dit plus long sur lui que n’importe quelle sanction. Rappelons que sa mission prendra fin le 7 février 2026 selon l’accord du 3 avril, il semble prêt à tout pour créer un effet, quitte à se ridiculiser publiquement.
Jean-Samson Étienne
