Il vient de Cité-Soleil, le plus grand bidonville du pays. Après la mort de sa mère, sa vie a complètement basculé. Aussi a-t-il été contraint d’abandonner sa maison et ses cinq frères et sœurs pour partir à la recherche des besoins les plus élémentaires, sans savoir où et comment. Au hasard de sa route, il a lié connaissance avec deux autres adolescents infortunés comme lui. C’était au Champs-de-Mars, Port-au-Prince, où ils dormaient à la belle étoile. Au fil du temps, ils sont devenus grands. Ils formaient un trio infernal qui allaient faire de l’Avenue Charles Summer, son principal lieu de travail pendant trois ans presque. Là, c’est trois mousquetaires agressent, harcèlent et jouent au malin pour subvenir à leur besoin. Mais un jour ses deux camarades ont fini par en payer le prix. Ils ont été froidement abattus de plusieurs balles. Lui, il a eu la vie sauve, grâce à Hugo Ponceley, l’administrateur du Ministère des Affaires Sociales et du Travail qui lui a facilité d’acheter une moto-taxi, environ un mois avant ce drame, pour gagner dignement sa vie et venir à la rescousse de ses trois petits frères et soeurs.
Oreston, ce survivant de 27 ans a livré à la rédaction du Journal en ligne Le Médiateur un témoignage poignant de sa vie ce vendredi 6 mai 2022, soit seize mois après la mort de ses deux amis et encense d’entrée de jeu, celui qu’il n’hésite pas à qualifier de « Mon Sauveur sans le savoir ». « Mais malheureusement, regrette-il, je n’ai jamais eu la chance de lui exprimer ma reconnaissance.
« Si je suis encore vivant, c’est grâce à un administrateur du Ministère des Affaires Sociales qui s’appelle Hugo Ponceley. Si je suis respecté aujourd’hui et prendre soin de ma famille, c’est encore lui. Ce chef est « Mon Sauveur sans le savoir », a avoué Maxon sur un ton fier. Car, alors que je l’approchais pour quelques sou, il m’a conseillé de préférence : « Écris une lettre de subvention au ministre. Remets à mon chauffeur la copie, je ferai le suivi afin de te permettre de bénéficier d’un moyen pour s’acheter une moto taxi et te retirer de cette activité dégradante. Moins d’un mois plus tard, chose dite, chose faite. Voilà. N’était-ce pas cette motocyclette qu’il m’a offert pour travailler et gagner ma vie dignement, j’aurais pu déjà être tué criblé de balles comme mes deux amis ou continuer d’être ridiculisé. Nous étions trois amis inséparables. Nous formions un cartel solide (sou beton an pou n bwase moun) (dans les rues pour soutirer de l’argent aux gens), surtout des cadres de l’Etat, des politiciens et des commerçants. Nous n’avions pas le choix. » Assis sur son motocyclette, ce jeune un peu costaud mesurant environ 1m70, vêtu d’un jacket noir et d’un jeans collant bleu,
nous raconte sa tragique histoire sous sa lunette noir avant d’obtenir ce don ô combien précieux pour lui. cette fois la tristesse assombrit sa voix : « Je n’ai pas connu mon père. Ma mère est morte quand j’avais seize ans à peine. C’est depuis ce-temps-là, que je commençais à dormir sur des places publiques sous des galeries et faisais un tas d’expériences comme fumer cigarette, de la marijuana, boire de l’alcool, jouer au hasard. J’ai affirmé une petite chambre de maison au Fort National lorsque j’avais vingt-deux ans. Après tant d’années de honte, d’humiliation, m ka di m naje, m sòti nan vi grapyay. » je peux dire que je nage et je sors de la délinquance). Même si je ne peux m’empêcher de pleurer quand je pense à ma mère tuée par la faim. Ni à mes deux frères camarades tués pour des bandits pourtant ils ne tiennent jamais une arme sinon des mots durs et un caractère qui faisaient peur pour aboutir à leur objectif.
Anne-Lyse Etienne