La nomination de nouveaux directeurs généraux dans l’administration publique ne cesse de provoquer des remous. À l’Office d’Assurance Véhicules Contre Tiers (OAVCT), hier jeudi 13 février 2024, la révocation de Fritzner Bernadel a déclenché une vague de protestations d’une rare intensité. Dès les premières heures de la matinée, des barricades enflammées ont été érigées à l’entrée principale de l’institution sur l’avenue Charles Sumner, paralysant toute activité.
“Nous refusons d’accepter cette décision injuste !” lance un employé sous couvert d’anonymat, visiblement remonté. “Sous la direction de Bernadel, nous avons connu une stabilité inédite. Nos salaires ont été ajustés, nous avons enfin eu accès à des cartes de débit, et l’institution a généré plus d’1,2 milliard de gourdes pour le Trésor public. Comment peut-on le remplacer sans explication ?”
À l’intérieur de l’OAVCT, la tension est palpable. Des employés en colère refusent de reprendre le travail tant qu’ils n’auront pas de réponse satisfaisante des autorités. Certains dénoncent une décision motivée par des “intérêts inavouables” et accusent le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de semer le chaos au lieu de stabiliser les institutions publiques.
“On nous conte des ragots, mais toujours sans aucune preuves, s’indign un autre protestataire, qui préfère utiliser le prénom fictif “Jean-Paul”. “Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Bernadel a amélioré la gestion de l’OAVCT et renforcé la confiance entre l’administration et les employés. Aujourd’hui, nous sommes en colère et nous ne reculerons pas.”
Une crise qui pourrait s’aggraver
Alors que la circulation était totalement bloquée sur l’avenue Charles Sumner, des policiers ont été déployés pour tenter de rétablir l’ordre, sans pour autant dissiper la colère des manifestants. Plusieurs employés affirment que la grève pourrait s’intensifier si le gouvernement ne revient pas sur cette décision.
“Nous demandons une explication claire. Pourquoi remplacer un directeur qui a fait ses preuves ?” s’indigne une employée sous le pseudonyme de “Mélissa”. “S’ils pensent que nous allons nous taire et accepter cela, ils se trompent.”
Une décision politique risquée ?
La révocation de Bernadel s’ajoute à d’autres décisions controversées du CPT, notamment la nomination de Ronald Bazile à l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA). Là aussi, des voix s’élèvent contre cette désignation, et certains redoutent une multiplication des tensions dans l’administration publique.
L’absence de consultation préalable et le refus du dialogue pourraient coûter cher au CPT, alors même qu’il tente d’imposer un référendum et d’organiser des élections. “Cette gestion chaotique pourrait se retourner contre eux”, prévient un analyste politique sous couvert d’anonymat.
En attendant, à l’OAVCT, le bras de fer continue. Et pour l’instant, les employés restent fermes : “Nous ne reprendrons pas le travail tant que nous n’aurons pas été entendus.”
Maryne N. Louis-Jeune