En guise de démissionner pour ne pas influencer l’enquête sur la cargaison d’armes et de munitions saisie à Port-de-Paix et pour laquelle un des influents membres de son cabinet est écroué au Pénitencier national et un cadre de son ministère a pris la poudre d’escampette, le Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Berto Dorcé, ne cesse de lancer plutôt des messages d’intimidation à peine voilés à l’encontre des travailleurs de la presse indépendante qui ne font qu’exercer leur profession.
Sur son compte Twitter, le titulaire du MJSP a vertement critiqué, le mardi 3 août dernier, la Presse comme s’il a voulu censurer nos leaders d’opinions : « Les médias ont parfois tendance à se transformer en de véritables tribunaux où des personnalités sont mises en accusations, les internautes en huissiers de justice, les curieux en greffiers, les envieux en témoins à charges.
Aussi, rappelle-t-il ce même mardi 3 août comme si le rapport de la DCPJ relatif à la cargaison d’armes et de munitions saisies à Port-de-Paix, qui avait épinglé deux cadres de son administration et laissé planer des soupçons sur sa personne, était l’oeuvre des journalistes : » Il faut souligner que c’est au pouvoir judiciaire qu’il revient la charge d’examiner les infractions commises, de rassembler les preuves et indices, de rechercher les auteurs, co-auteurs, de prononcer contre eux les peines prévues par la loi. Tout ce processus doit se dérouler dans le stricte respect de l’indépendance des trois pouvoirs ».
En bon nostalgique de la dynastie des Duvalier, le ministre Berto Dorcé a montré ses muscles à travers ce tweet publié encore le mardi 3 août : « À l’angle du droit, il est à préciser que toutes les libertés ont des limites et l’irrespect de celles-ci est passible à des sanctions. En effet, les propos diffamatoires constituent les limites de la liberté d’expression et de la presse. »
Pour comble de sa frustration, le Ministre Berto Dorcé est passé, le mercredi 3 août par le canal de son ministère pour mieux s’attaquer tacitement au quatrième Pouvoir : » Le MJSP constate avec stupéfaction la prolifération ces derniers jours des commentaires infondés, malencontreux et désobligeants par certains laboratoires toxiques et relayés sur les réseaux sociaux à l’encontre des autorités du pays en général et du titulaire du MJSP en particulier ».
Faudrait-il rappeler au super ministre Dorcé que la Presse est un miroir qui ne fait que refléter fidèlement une réalité ? En tout cas, elle ne doit en aucune manière servir de bouc émissaire à quiconque ni plier sous la dictature d’aucune autorité. L’heure de la baïonnette est complètement révolue. Et la liberté d’expression est un droit consacré par la Constitution de la République depuis 1987. Ça n’a pas été un cadeau, mais plutôt un acquis.
Jean-Samson Etienne