Les États-Unis viennent de frapper fort. Le sous-secrétaire d’État américain, Christopher Landau, a annoncé ce lundi 22 septembre 2025 que le Département d’État a sanctionné l’ancien sénateur Antonio Chéramy, dit Don Kato, et l’ex-député Arnel Bélizaire, accusés d’avoir alimenté la déstabilisation politique en Haïti. L’annonce est intervenue en marge de la réunion tripartite Kenya–Haïti–États-Unis consacrée à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).
Les sanctions incluent un gel des avoirs, une interdiction de voyager et une exclusion du système financier américain. Washington entend ainsi réduire l’influence de ces deux figures connues pour leurs méthodes controversées.
Deux hommes au passé sulfureux
Ces mesures ne surprennent guère les observateurs. Outre ses liens affichés sur les réseaux sociaux avec des chefs de gangs tels que Tèt Kale de Village-de-Dieu et Bout Jean-Jean de La Saline, Don Kato, élu sénateur en 2015, s’était illustré par des actions spectaculaires et violentes : introduction de manifestants dans l’enceinte du Parlement pour saboter des séances, menaces contre ses adversaires politiques, ou encore libération de fauteurs de troubles sous couvert de son immunité parlementaire. Plus grave, il avait publiquement prédit, sur les ondes de Scoop FM, le départ précipité du président Jovenel Moïse, dans un contexte de proximité avec l’homme d’affaires Dimitri Vorbe, soupçonné d’avoir financé l’assassinat du chef de l’État après la résiliation de contrats énergétiques par l’État haïtien.
Arnel Bélizaire, lui, traîne une réputation de chef de bande. Ancien député, il avait choqué l’opinion en paradant, arme automatique à la main, dans les rues de Port-au-Prince sous couvert de son immunité parlementaire. Il n’a jamais nié ses contacts avec des groupes armés de la capitale. Déjà sanctionné par le Canada en 2023 pour soutien présumé à des gangs, il est désormais dans le viseur de Washington.
Un signal à la classe politique
Ces sanctions s’inscrivent dans une série de mesures visant des personnalités politiques haïtiennes accusées de collusion avec des réseaux criminels. Après Gary Bodeau ou Michel Martelly, c’est au tour de Don Kato et Bélizaire de payer le prix d’un passé lourd de dérives
Pour Washington, le message est clair : aucune figure, aussi populaire ou bruyante soit-elle, ne peut continuer à miner le processus démocratique haïtien en toute impunité. Mais certains observateurs mettent en garde : l’administration Trump, applaudie pour sa fermeté, devra éviter de se laisser abuser par de faux-semblants, comme ce fut le cas sous son prédécesseur.
Marc André Siméon