On vit une situation où le pays est aux abords d’une explosion sociale. Il est évident que l’État perd toute capacité de contrôle. On pourrait même dire que celui-ci est inexistant. Alors si l’État est faible à ce point comme a dit Paul Valery, c’est sûr que nous allons tous périr car l’État est ce monstre qui est capable de nous protéger mais aussi nous détruire; c’est donc à nous de contrôler son poids. On est malheureusement au point ou l’État nous écrase.
Nous sommes parvenus à un chambardement chaotique d’idéologie et d’objectivités car nos revendications se discordent et nos attentes ne sont pas coïncidentes. Tout le monde parle de chambardement du système mais les réclamations sont déviantes par rapport aux voulus.
Le système est-il le gouvernement? Le départ du président serait-il un chambardement du système?
Je me peine de voir le pays incendier par le peuple lui-même clamant partout le départ du président pour chambarder le système. Il est malheureux de savoir que celui-ci conçoit un gouvernement pour un système ou de voir l’État comme étant le système. Jésus l’a dit lui-même : « le peuple périra par faute de connaissance ».Tout peut s’acheter, hormis une éducation morale et des hommes conscients de leurs devoirs sociaux.
Le système est avant tout le produit social dans le cas où il charrie pratiquement tout un ensemble d’éléments comme la politique, l’économie, l’idéologie, le social et autres. C’est-à-dire l’ensemble de structures qui se lient suivant un ordre bien défini dans le but d’atteindre un objectif déterminé. Pour maintenir un système dans une société, il faut que cette société reproduise les mêmes classes et les mêmes personnes (Michel Rolph-Trouillot).
En effet, c’est un ancrage historique découlant de l’ordre mondial singulièrement de l’ordre national. S’il nous revient de changer le système en Haïti, ceci dit qu’il revient de changer notre éducation qui depuis le concordat de 1860 pullule une formation « créolophobe » ou notre façon de penser se diverge de ce que nous apprenons en classe.
Il faut que l’agriculture soit notre principale préoccupation car nous avons un pays cultivable. Il revient aussi de repenser les différentes classes (ou couches sociales) de cette société tout en prenant compte des besoins de l’autre. On doit commencer à penser à construire une société où chaque homme apprend à se responsabiliser au lieu de jouer les victimes. On doit commencer par former des hommes conséquents qui sont capables de défendre la Nation.
Le président ne pourrait être en aucun cas le système pour ne pas dire l’État ; même si l’article 136 de la Constitution l’octroie la responsabilité de la bonne marche de toutes les institutions, sinon l’histoire ne serait se stabiliser sur une perpétuelle redondance de revendication, depuis la période ancestrale jusqu’à ce jour.
Dans le but de devancer toute confusion, on tient à vous signaler que le pays est mal dirigé car il serait pernicieux de prévaloir que le pays a une bonne gouvernance parce que les faits justifient amplement la mauvaise gestion du pays. Jovenel Moïse de sa part n’est qu’un « cadavre politique », un produit victime du système qui mérite d’être enterré au cimetière de l’histoire comme a dit Michel Soukar.
Par ailleurs, son exclusion ne pourrait en aucune manière apporter le changement dans notre système, sinon qu’il serait remplacé par d’autres produits du système qui va nous enfoncer encore plus dans le gouffre des incertitudes.
Le pays fait face à son histoire dont nous savons tous le résultat, car elle se répète au jour le jour. Si l’on se rappelle en 1803, après que Dessalines et les héros nous aient gratifiés d’une liberté, l’empereur fut assassiné en 1806. Qu’est-ce que cela a apporté sinon la discordance et la séparation du pays avec Christophe et Pétion?
Un siècle après, le pays fut occupé par les américains, puis commence la mortification du premier peuple noir libre de toute l’Amérique. L’histoire est une machine qui ne fait pas de sentiment et qui écrase ceux qui entravent sa marche (Arthur Koestler).
On ne saurait oublier la période de 2004 où le pays a connu une descente aux enfers avec le prêtre catholique. Combien d’enfants ont été tués? Combien d’étudiants ont été bastonnés ? Combien de journalistes ont perdu la voix au chapitre et combien ont dû s’exiler et d’autres laisser leur peau? Combien de massacre? Entretemps l’enquête se poursuit.
L’inquiétude de ce peuple ne devrait pas être le président Jovenel Moïse, mais plutôt le pays et cette éternelle révolution de cassure, de bain de sang, de morts et de remords qui nous ralenti de cent ans en arrière. On est sûrement sur le plan de passer au changement mais celui-ci est un changement négatif qui nous mène au bord de la ruine. Les plus profonds maux sont encore à l’ombre de doute, alors que l’on prend malin plaisir à se laisser manipuler.
Agissons-nous ou sommes-nous des pantins agités par quelques tireurs de ficelle? Est-ce que je joue ou est ce qu’on joue de moi? (Montaigne). Le moment est venu de se questionner sur ce que nous sommes et ce que nous représentons dans ce tohu-bohu.
Sommes-nous sur la voie de la révolution? Car toute révolution qui n’est pas accomplie dans les mœurs échoue ( Lanza Del Pasco). Les démarches révolutionnaires en Haïti n’accouchent que la réduction dans nos efforts et un éternel recommencement.
Un auteur a dit qu’une révolution a besoin du temps, mais dans nos emportements, il est difficile de parler de révolution car nos émotions et nos sentiments obéissent à une logique moins raisonnable et différente de celles des idées positives. Il est préférable de comprendre que ces démarches violentes se débouchent sur la démagogie politique.
C’est attristant de voir le pays hypnotisé par des hommes politiques aguichés par leurs propres intérêts que celui de toute la nation. Des hommes qui préfèrent engouffrer le peuple dans l’ignorance juste pour s’en servir quand l’extrémisme de leurs idées doivent conduire à l’extrémisme dans leurs actes. (Diderot)
Il est grand temps que le peuple se réveille de son inconscience, il est grand temps pour nous de faire face au destin. De comprendre qu’est qu’un système car ce concept n’est pas tombé du ciel; ce n’est que le construit d’une société. Il est grand temps de faire la différence entre l’État, le gouvernement et le système. Ainsi nous pouvons commencer par une révolution. Car, il est permis, selon Alexandre Dumas Père, de violer l’histoire à condition de lui faire un enfant ce qui en déduit qu’on peut faire la révolution à condition qu’elle accouche d’idées neuves et de forces vives.
Il y a trop de loups déguisés en peau d’agneau dans la bergerie, il est de notre protection de les identifier et les expulser, ils s’accusent l’un l’autre, ils n’ont pas de vision, leur grandiloquence les rend saints comme la Sainte Vierge mais ils sont tous aussi corrompus que le mot en existe. Il est aussi vrai que ces voraces n’ont pas un projet d’avenir. Tout ce qui les intéresse c’est le pouvoir mais tout pouvoir que l’on peut bafouer sans risque est un pouvoir faible et destiné à disparaître. La génération future a besoin de nous, le sort de ce pays est entre nos mains. Il est à ce peuple de tracer son chemin parce que le cours des évènements historiques n’est pas une fatalité; il peut se changer.
Lamaria