Beaucoup de personnes applaudissent l’exécution du chef de gang opérant à Carrefour-feuilles, survenu dans la soirée du 29 avril 2019, au niveau de Delmas 83. En effet est-ce là une solution ou la solution idéale au problème du banditisme en Haïti ?
Cette interrogation suscite des réflexions bien au-delà de la visualisation des vidéos, des photos et des multiples commentaires qui virulent sur les réseaux sociaux.
Nul ne pourrait s’apitoyer sur le sort de Tije qui la semaine écoulée, ayant atteint son apogée dans la criminalité, a tué de sang froid plus d’une dizaine de personnes à Carrefour-feuilles. Mais autant on se demande est-ce que les autorités policières et judiciaires haïtiennes n’avaient pas des questions à poser à ce criminel qui fait partie d’un si large réseau bien implanté dans le pays ?
Cette inquiétude s’appuie aussi sur le fait que depuis des mois, des autorités sont accusées d’être de connivence avec ces malfrats. Ce qui revient à dire qu’amputer un membre du corps de quelqu’un infecté du VIH ne détruira pas pour autant le virus. Voici comment nous interprétons la joie aveuglante et infantile de beaucoup de gens face à cette situation.
On devrait aussi se demander, pourquoi malgré la malheureuse fin qui attend tous les bandits, nombreux sont ceux qui continuent d’errer dans cette voie ?
Chaque jour de nouvelles têtes arrivent dans les tanières de ces loups ravisseurs.. Et ceci sans avis de recrutement !
Cela sous-entend que le problème a toujours été mal posé et continue d’être mal posé. On ne peut tarir une rivière sinon que par sa source. Or les sources du banditisme en Haïti sont profondes et nombreuses.
Au fait, cela veut dire qu’en tuant Tije, ce n’est qu’un tronc qu’on a abattu, mais le banditisme repoussera par ses racines !
À cela, nous suggèrerons aux responsables de la Sécurité nationale de faire capturer ces bandits vivants afin qu’ils puissent répondre devant la Nation de leurs atrocités et qu’ils puissent mettre à nue certaines vérités que nous avons tous soif d’entendre.
Il nous est bien malheureux de peindre un si sombre tableau, pourtant c’est bel et bien la réalité que nous vivons au quotidien. La situation dans laquelle se trouve Haïti en ce moment face au fléau du banditisme donne raison au sociologue Émile Durkheim qui stipule que le crime est un phénomène sociologique normal, parce qu’une société qui en serait exempte est tout à fait impossible.
Par contre, il revient aussi de souligner que l’attitude de la société par rapport à la criminalité est un facteur prépondérant tant à sa diminution qu’à sa recrudescence.
À cette phase fatidique où nous sommes parvenus, il est tant que la société haïtienne réagisse à l’expansion du banditisme qui transforme Haïti en une « prison sans barreau » et nous en profitons pour annoncer aux autres chefs de gang tel que Arnel Joseph de se préparer pour la fin de leur parcours de barbarie et de cruauté.
« Le mal finit toujours par engloutir celui qui l’engendre. »
L’Archange