Une nouvelle génération de leaders, petit à petit, commence à prendre place dans l’arène politique en Haïti. Du stratège Gary Bodeau, aujourd’hui l’homme fort de la Chambre basse, à Claude Joseph, récemment nommé au poste de Ministre des Affaires Étrangères, ce sont là, à mon avis, des indices qui annoncent des couleurs.
Le visage même de ce Gouvernement incarné par son Premier ministre Fritz William Michel qui n’a que 38 ans, au lieu du vieux routier Joseph Lambert, en est la preuve, sans qu’on parle déjà de la composition du cabinet ministériel non seulement féminisée mais jeune.
Toutefois, entre les tours de passe-passe de pouvoir et les attentes de la population, les déceptions sont quelques fois grandes. C’est pourquoi la fierté ne doit pas être “qui”, mais “quoi”. Cela doit être dans les projets et les valeurs, dans les actions et les engagements.
On peut se poser la question : À quoi s’attendre de ces jeunes – en particulier Claude Joseph, une figure plus ou moins connue à la fois pour ses positions publiques, mais aussi pour son engagement dans la grande mobilisation de 2004 à travers une structure qui reste, à date, incarnée dans la mémoire de plusieurs jeunes qui ont vu à l’œuvre cette structure universitaire dénommée GRAFNEH, qui a su incarner un sens du civisme que le pays et la jeunesse avaient besoin. On avait à l’époque la fierté de s’associer à cette structure.
Claude, après cette expérience, ou un peu plus tard, a laissé le pays pour poursuivre ses études universitaires. À son parcours académiquement étoffé, s’arc-boute un parcours de citoyen actif et engagé. Et c’est de la que personnellement je l’ai connu et ai fait mes premières armes sur le plan associatif.
On était peut-être vers 2002 ou 2003, lorsque j’ai intégré l’Association des Jeunes Intellectuels d’Haiti (AJIH) à travers son Club dans lequel hebdomadairement se réunissaient les jeunes de Delmas 33 pour des débats qui, à date, imbibent ma mémoire. C’est là que j’ai connu des jeunes brillants qui aujourd’hui, pour la plupart, évoluent en dehors du pays. Beaucoup sont restés aussi. C’est mon cas.
Alors, il ne fait aucun doute qu’à cette période de crises où les citoyens ne cessent de manifester pour exiger de meilleures conditions de vie et la reddition de compte, Claude a opté pour servir. Les critiques pleuvent déjà, mais cela ne m’étonne non plus que les “félicitations” en privé, pleuvent.
Personnellement, je crois que c’est dans les moments difficiles que les hommes qui aspirent à de grandes choses doivent se prouver, parce que c’est de là que surgit véritablement la différence. Si ce poste a été confié à Claude, c’est certainement parce qu’il détient quelque chose que les autres n’en ont pas, parce que personnellement j’en ai connu pas mal de prétendants.
En tout cas, j’ai eu, pas longtemps, le privilège de rencontrer moi-même le Dr Claude Joseph pour lui demander quels étaient ses projets une fois à la tête du MAE.
Je suis sorti satisfait de cette rencontre qui m’a prouvé que le leader que j’ai connu n’a pas changé, qu’il est encore visionnaire. Toutefois, entre ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire, des fois l’écart est grand. J’espère que ce ne sera pas le cas.
Roudy Stanley Penn