Ce mercredi 21 novembre 2018, le Président de la République d’Haïti s’est enfin adressé à la nation.
Face à cette paralysie totale de plus de trois jours, le pays tout entier et la communauté internationale attendaient l’intervention du Président de la République.
Après avoir, sans grandes explications, reporté la première annonce qui aurait dû se faire mardi, le Président Jovenel Moïse s’est enfin adressé à la nation ce mercredi dans la soirée.
Que faut-il retenir alors du discours du Président ?
Dans une vidéo préenregistrée d’environ 6 minutes, diffusée sur la RTNH, le Président n’y est pas allé par quatre chemins pour faire savoir à ses opposants qu’il ne laissera pas le pouvoir. En dépit de la faiblesse qu’il affiche depuis plus de six mois, au moins il a eu le courage de dire qu’il espère boucler son mandat.
Au fait, il a mis en avant la Constitution haïtienne et ses principes démocratiques pour rappeler à ses adversaires qu’il a été démocratiquement élu par le peuple, et que ceux qui réclament son départ devraient attendre.
Jovenel Moïse a aussi signalé que la bataille politique se fait sur les idées, sur des discussions qui amènent aux élections. Alors il propose aux ravisseurs avides de sa place d’attendre l’échéance de son mandat pour prendre le pouvoir à leur tour.
D’un ton ferme, il a fulminé que rien ne peut justifier les menaces de mort, ni les assassinats et qu’aucun prétexte ne peut menacer les intérêts du pays ni mettre la nation en danger. « En 32 ans ces situations n’ont fait qu’appauvrir le pays encore plus », affirma-t-il.
Accompagné du Premier ministre, des Ministres de la justice et de l’intérieur, du Directeur Général et de l’Inspecteur en chef de la Police, le Président a annoncé la réactivation de la Commission de désarmement et de réinsertion. Il a aussi profité pour déplorer le nombre de victimes des actes de banditisme perpétrés sur la population durant ces derniers jours, spécialement sur les policiers, dont l’agent Jurond Durosier qui a été tué lundi dernier à La Saline.
À cet effet, il a demandé au Premier ministre, chef du CSPN de prendre toutes les dispositions nécessaires pour poursuivre les auteurs de ces actes ignobles qui cherchent à semer la terreur au sein de la population. Ce dernier est aussi chargé, selon les voeux du Président, d’entamer un dialogue avec tous les acteurs de la vie politique du pays afin de trouver une solution à cette crise.
Il a salué les membres de la société civile et la population toute entière qui ont gardé leur calme pendant ces jours de tensions, tout en leur insufflant un regain de confiance pour qu’ils reprennent leurs activités.
Toutefois, le Président n’a rien dit sur le dossier PetroCaribe ainsi que sur le massacre perpétré à La Saline, dont une vingtaine de victimes est déplorée selon les organisations de défense des droits de l’homme.
En somme, il est de force de constater que depuis le discours du Président, les activités essaient de reprendre timidement, mais toujours est-il, le climat d’insécurité plane sur le pays, surtout au niveau de la zone métropolitaine.
Est-ce que le Président trouvera la formule magique pour remettre le pays en marche ? Seul le temps peut apporter cette réponse avec précision. Pour l’instant, le mieux à faire, c’est de rester vigilant et d’user de prudence.
KJB