Sans tambour ni trompette, le Président Jovenel Moïse a fait, le dimanche 20 juin dernier, un geste magnanime pour sauver la vie de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide qui éprouve des difficultés respiratoires liées au Covid-19 (nouveau Coronavirus), sous demande des proches de ce dernier. En dépit de leur rude rivalité politique, « le Chef de l’État a accordé le bénéfice de l’urgence et a ordonné au Premier ministre a.i. Claude Joseph de faire le nécessaire pour que le service de l’Immigration ouvre ce dimanche afin de délivrer un passeport diplomatique de courte durée au président Jean Bertrand Aristide qui doit se rendre incessamment à Cuba », selon ce qu’a rapporté le plus ancien quotidien haïtien, Le Nouvelliste. Pourtant le leader du parti Fanmi Lavalas est frappé d’une interdiction de départ d’un juge d’Instruction depuis des lustres.
En réaction, le porte-parole du parti Fanmi Lavalas, Jodson Dirogène, a plutôt banalisé la portée d’un tel acte humanitaire. Jusqu’à estimer que l’état de santé de l’ancien Président Aristide est stable, contrairement à ce que révèlent des médias. Et d’autres voix de cette structure politique ont abondé dans le même sens. Comme si la reconnaissance est, comme disait l’autre, une lâcheté.
Rendre le mérite d’un acte à son auteur, (adversaire ou allié) est un geste de grandeur d’âme, d’honnêteté et de courage. Cela n’augure rien de faiblesse ni de petitesse. Donner à César ce qui est à César ce sont les paroles mêmes de Jésus, en réponse à une question des pharisiens venus lui demander s’il est légitime de payer l’impôt à César. Certes l’on peut toujours reprocher, à tort et à raison, à Jovenel Moïse de tous les mots d’Israël : dictateur, tyran, criminel, mais l’on ne doit en aucune manière l’enlever le mérite qu’il n’a pas mesuré ses efforts pour sauver la vie d’un de ses plus radicaux adversaires politiques au moment où le nouveau Coronavirus lui a servi sur un plateau d’argent pour se débarrasser de lui. Est-ce réellement le comportement d’un tyran, d’un dictateur ou d’un criminel au Pouvoir ?
Il en est de même pour l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide. Malgré qu’il a toujours refusé de reconnaître Jovenel Moïse comme le Président de la République, malgré qu’il a toujours rejeté d’un revers de main tout dialogue avec lui, n’empêche qu’il se dépêche pour solliciter Son aide. Un autre acte de dépassement de soi. À sa place, d’autres préféreraient mourir pour rester fidèle à leur orgueil. Nous souhaitons un prompt rétablissement à l’ancien Président Aristide. Nous espérons qu’il puisse enfin s’armer de ce même courage pour s’asseoir autour d’une même table avec le Président Jovenel Moïse et d’autres dirigeants politiques en vue de sauver le pays dont cette politique de chacun pour soi place au bord du gouffre.
Fredo Pierre