Dans cette crise sociopolitique inédite jalonnée de kidnapping, d’assassinats, de corruption, de trahison, de lutte antidémocratique et fratricide qu’a connue Haïti durant toute l’année de 2021, certaines personnalités se sont pourtant remarquablement distinguées et laissent entrevoir une lueur d’espoir dans ce pays tant meurtri. En cette fin de cette maudite année, la rédaction du journal Le Médiateur tient à les honorer et les camper pour leurs bienfaits.
Antoinette Duclair (titre posthume), Guytho Édouard, l’ex-couple présidentiel (Jovenel et Martine Moïse), Rénand Hédouville, Agabus Joseph, Claude Joseph, Dieudonné Lhérisson, Kineton Louis, Anthonal Mortimé, Marie-Lucie Bonhomme Opont, Clarens Renois, Fils-Aimé Ignace Saint-Fleur, Rony Timothé, Dominique Dupuy et Caleb Jean-Baptiste.
1- Claude Joseph
Sa nomination à la tête du Ministère des affaires étrangères a été vue comme une désagréable surprise. On ne s’y attendait pas. Car l’image de ce jeune étudiant militant de l’UEH ayant foulé le macadam en 2004 pour exiger le départ du président d’alors Jean-Bertrand Aristide au nom de la démocratie hante encore des esprits comme si c’était hier. Dans l’intervalle, on ignore peut-être s’il a grandi. S’il avait cueilli son doctorat dans l’une des plus grandes universités aux États-Unis. S’il est même devenu professeur dans des universités là-bas. Aussi, sa promotion comme Premier ministre a.i. de la République choquent les rétrogrades de la classe politique et économique. Comme si cette nomination constituait une sorte de banalisation de ce poste. L’homme d’affaires Réginald allait jusqu’à l’appeler « TiClaude » une appellation péjorative pour minimiser une personne venue de la classe défavorisée.
Mais aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombres des années. C’est au pied du mur qu’on reconnaît le vrai maçon. Dans les terribles moments qu’on découvre les vrais combattants. Il a fallu l’assassinat crapuleux du Président défunt Jovenel Moïse pour reconnaître la capacité, la bravoure et le stoïsme de ce jeune et intrépide Premier ministre. « Tout est sous contrôle », a-t-il assuré d’un ton calme mais ferme tout de suite après avoir appris cette tragique nouvelle. Et pour preuve, la quasi-totalité des mercenaires colombiens ayant pointé du doigts dans cet assassinat ont été arrêtés le même jour. Il a donné des conférences à longueur de journée pour informer la population sur la situation. Le pays n’a pas sombré dans le chaos contrairement à l’attente des auteurs du crime. Dans un élan de patriotisme et pour la stabilité de la République, Claude Joseph a cédé la place au Premier ministre nommé par le Président Jovenel Moïse quelques jours après l’assassinat. Alors qu’il y a un flou dans la Constitution concernant qui est réellement Premier ministre en pareille circonstance. Puis le chancelier conserve son poste au ministère des affaires étrangères. D’aucuns pensaient que pour rester accroché à ses intérêts personnels. Pourtant, Claude Joseph allait montrer encore une fois de quoi il est capable. Il a mis tout son poids dans la balance en vue d’obtenir l’extradition des présumés assassins du Président assassiné en cavale dans d’autres pays. Ainsi a-t-il participé à l’arrestation de Samir Handal en Turquie et le Colombien Mario Palacios Palacios à la Jamaïque. Par ailleurs, il a fièrement et dignement défendu la République face à l’ingérence du président dominicain Luis Abinader. Ce qui lui a peut-être valu sa révocation. Sous l’ovation des employés, le docteur Claude Joseph laisse la tête altière et haut le front le ministère.
2- Dr Agabus Joseph
S’il parle peu, c’est vraisemblablement pour se concentrer sur son boulot et donner le maximum de résultat. Cette année, le Dr Agabus Joseph, Directeur général de l’Office d’Assurance de Maladie de Travail et de la Maternité (OFATMA), a réalisé un travail titanesque. En dépit de la crise économique que confronte le pays, doublée d’une situation d’insécurité chronique, Il s’est mis en quatre pour doter le département du Nord-ouest, toujours traité en parent pauvre, d’un hôpital moderne avec, entre autres, 120 lits, un pavillon logeant les médecins et les infirmières, un héliport. La construction sera achevée au bout du troisième trimestre de l’année prochaine. Pour le tout premier carnaval national qui a eu lieu à Port-de-Paix cette année, il a mobilisé l’OFATMA en vue d’offrir un service impeccable aux carnavaliers victimes ou malades. Il a été l’un des premiers à être au chevet des victimes de l’incendie d’un camion-citerne au Cap-Haïtien. Sans se faire prier, il a mis l’hôpital de l’OFATMA au service des personnes brûlées et permis à d’autres plus graves d’aller recevoir gratuitement des soins à l’hôpital de l’OFATMA se trouvant à Port-au-Prince. La relation d’Agabus Joseph avec ses employés est des plus cordiales. Toutefois, le docteur ne badine pas quand il s’agit de donner des résultats et s’assurer de la bonne santé de ses assurés.
3- M. Kineton Louis
Faire beaucoup avec peu, on dirait que c’était cette mission que s’est donné Kineton Louis à la tête du Centre National des Équipements (CNE) cette année. Malgré le maigre moyen alloué à cette institution, grâce à son dynamisme, il a pu mobiliser ses techniciens et pousser la route de « Kafou Jòf » vers la dernière ligne droite de sa construction. On retrouve les équipements de CNE partout. Dans tous les coins et recoins pour participer à la construction, réparation et la réfection des routes. Les désenclaver. Qui ne se souvient pas des sacrifices qu’il a consentis pour nettoyer, déblayer et débarrasser les artères, après chaque jour du fameux mouvement de l’ancienne opposition politique baptisé « Peyi-Lòk ». Son esprit d’innovation l’incite à mettre sur pied « CNE Lakay ou ». Une initiative visant à assainir un quartier de ses d’immondices et tout autre objet qui empêche la circulation à travers une caravane composée d’une flotte de matériels et des techniciens menée par le DG lui-même. « DG a pa pote pantalon l pou bèl twèl », nous a lâché un de ses employés comme pour dire que la robustesse de Kineton Louis va de pair avec son énergie pour donner des résultats au travail. Les sorties tonitruantes du coordonnateur de Rassemblement National Tèt Kale (RNTK) quand il s’agit de défendre son chapelle politique ne lui prive pas pour autant cette faculté de reconnaître le droit au travail de ses adversaires. Car, cette année, dans son administration, ses meilleurs collaborateurs, nous a-t-il confié, sont ceux avec qui ils ne partagent pas du tout la même idéologie politique. Aussi pourrait-on lui attribuer le titre de Champion de la démocratie en Haïti cette année.
4- M. Dieudonné Lhérisson
Au milieu des tempêtes politiques que connaît le pays au cours de cette année 2021, il a toujours fait preuve de tempérance, de transcendance et s’est mis à la hauteur d’un vrai démocrate dans ces différentes prises de positions. Dieudonné Lhérisson, le Président du parti Plate-fotme Nationale Secteur Populaire Haïtien (PLANSPA)’ n’a de cesse de prôner même dans les oreilles des sourds, l’équilibrisme politique, une doctrine qui rejette le radicalisme politique et embrasse le dialogue, le vivre ensemble la tolérance qui représentent des piliers dans une société démocratique. Réputé proche du régime Tèt Kale, il ne perd pas la tête parmi les « politiciens traditionnels ». Le chef de ce nouveau parti dans l’arène politique haïtienne, peut se vanter d’avoir organisé plus de séances de formation pour ses membres que tout autre regroupement politique sur l’échiquier cette année. En outre, le fils de Marigot, porte sa commune natale dans son cœur. Il l’a plus prouvé à maintes reprises cette année. De la célébration de Saint patron de la commune, Dominique et les trois autres paroisses Notre dame du Perpétuel secours, Saint-Michel Archange, Sainte-Marie Madeleine
en passant par l’ouverture des classes, Dieudonné Lhérisson s’est toujours présenté en grand mécène. Comme s’il s’agissait d’une obligation. Le séisme du 24 août dernier qui a dévasté le grand sud du pays, a été l’occasion pour découvrir combien Marigot n’a pas de prix pour ce professeur de carrière. Tant sa contribution a été inestimable. Dieudonné Lhérisson, n’est certes pas un prof de sciences Po, n’empêche qu’il a donné une belle leçon à des chefs de parti qui sont réfractaires à la modernité.
Le Médiateur