Si l’insécurité est toujours le résultat d’une dégradation sociétale, celle qui ravage Haïti en ce moment est due notamment à la prolifération des armes à feu et des gangs dans les rues.
Jean Rebel Dorcénat, membre de la Commission Nationale de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion (CNDDR), a révélé que la Commission a déjà recensé 76 gangs armés dans tout le pays. Un chiffre qui met à nu l’aggravation de la situation.
« Nous avons répertorié jusqu’à présent soixante-seize gangs à travers tout le pays. Et nous n’avons pas encore terminé » a indiqué Jean Rebel Dorcénat qui confirme que plus de 70% des chefs de gangs ont été contactés.
Il a souligné également la variation des membres de ces gangs qui va de 10 à 80 personnes, avant d’attirer l’attention sur le gang « Lanmò Sanjou » à Croix-des-Bouquets qui compte 349 hommes dans ses rangs et celui d’Arnel Joseph, 150.
La Commission, ayant mis en question la provenance des armes qu’utilisent ses gangs, a auditionné des témoignages de ces bandits affirmant qu’ils sont approvisionnés par les grosses légumes du pays.
Selon Dorcénat, ces chefs de gangs ont la volonté de remettre leurs armes, mais ils imposent des conditions sine qua non. Sans exception ils ne veulent pas être poursuivis pour leur crime et réclament une amnistie totale.
Se comportant comme de véritables « Robin des bois » ou agents de développement, ces bandits, armés jusqu’aux dents, exigent pour la plupart des infrastructures pour leur communauté.
Quant au chef de gang de Village de Dieu, Arnel Joseph, il a réclamé un magasin d’intrants agricoles ; Ti Hougan de son côté à Cité Soleil a exigé une école professionnelle ; et les caïds de Grande Ravine veulent eux-mêmes la prise en charge des jeunes.
De nobles demandes formulées par des personnes qui ont commis tant d’actes d’ignobles… Tel est le versant paradoxal de cette situation !
Rijkaard Medii