Tout le monde semble oublier que depuis le 17 mars 2019, suite au vote non confiance de la Chambre des députés ayant congédié le Premier ministre Jean-Henry Céant, le pays fonctionne sans un Gouvernement légitime. Pourtant, nous nous complaisons dans cette situation d’inconstitutionalité comme si tout allait pour le mieux.
Plus de 90 jours depuis que le pays fonctionne sans un Premier ministre légalement rentré en fonction. Or, la Constitution de 1987 amendée, en son article 165 se lit comme suit :
« En cas de démission du Premier Ministre, le Gouvernement reste en place pour expédier les affaires courantes jusqu’à la prise de fonction de son successeur.
En cas d’incapacité permanente dûment constatée du Premier Ministre ou de son retrait du poste pour raisons personnelles, le Président choisit un Premier Ministre intérimaire parmi les membres du cabinet ministériel en attendant la formation d’un nouveau Gouvernement dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours. »
À l’œil nu on peut constater que les 30 jours sont largement épuisés et le Premier ministre désigné Jean Michel Lapin contesté plus que jamais par le Parlement duquel il devait être une émanation de la majorité.
Si tel est le cas, et voyant les choses s’empirer, on se demande alors si Jean Michel Lapin est l’homme du moment ?
Maintenant, nous allons analyser les motifs qui affirmeraient ou qui infirmeraient la précédente interrogation.
3 séances de présentation de politique générale avortées
À trois reprises, les 9, 12 et 30 mai 2019, nous avons constaté que le Sénat de la République n’a pas su s’entendre sur la ratification de Jean Michel Lapin. Et jusqu’à date aucun consensus n’est encore trouvé pour mettre de l’eau à la flamme des divergences qui consume l’assemblée des Sages.
L’État devient de plus en plus faible durant ces 90 jours
Plusieurs indices affirment la faiblesse de l’État durant ces derniers jours. Les deux semaines de « PAYS LOCK » ayant débuté le dimanche 9 juin ; l’inflation des produits de première nécessité ; la dépréciation de gourde face au dollar américain ; la prolifération débordante de l’insécurité, autant de facteurs qui justifient que la crise socio-économique ne fait qu’empirer.
Le pire, un policier s’est fait tuer au sein d’un Commissariat en plein jour, ce qui constitue un échec cuisant du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN).
Même en plein cœur de l’Administration publique l’État est faible. Plusieurs ministères sont rentrés en rébellion, comme il a été le cas du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe qui a passé plus de deux mois dysfonctionnel.
Face à de tels échecs et de si grands défis, on se demande est-ce que Jean Michel Lapin est l’homme de la situation ?
Si le Premier ministre devrait être l’émanation du Parlement, or les parlementaires ne s’entendent nullement sur la ratification de ce dernier, et pire encore, le moment n’est pas propice à une reprise des agitations, ainsi Jovenel Moïse ne devrait-il pas changer de stratégie et ajouter du sang neuf à la soupe, question de rebalancer les négociations ?
Toutefois, ce qui est le plus important, c’est que le pays ne peut pas continuer à errer dans cet amateurisme alors qu’on est à moins de 90 jours pour la tenue des élections législatives au regard de la loi-mère du pays.
L’Archange