À l’Honorable Youri Latortue
Sénateur de la République,
Président de la Commission Éthique et Anti-corruption
En ses bureaux
Monsieur le Président de Commission,
J’ai lu avec une très grande stupéfaction une partie du rapport de la Commission que vous présidez, adressé au Président du Sénat de la République, l’Honorable Carl Murat Cantave, dans lequel je suis indexé de détournement d’un fonds alloué à un projet d’installation de Lampadaires à hauteur de 10 millions de gourdes à Polo, localité située dans le Nord-est du pays.
Cependant, en passant en revue les différents faits avancés par la Commission pour arriver à tirer cette conclusion, mon étonnement a été beaucoup plus grand. Je constate qu’aucun de ces faits n’a été juridiquement prouvé. Dans cette circonstance, je me demande si cette prestigieuse Commission qui a déjà fait œuvre qui vaille dans certains dossiers, ne s’est pas laissé faire par le politique. Cette conclusion n’est-elle pas l’œuvre d’un Sénateur pour qui je suis cible à abattre depuis un certain temps ?
Monsieur le Président, en votre qualité d’avocat en situation d’incompatibilité comme Sénateur en fonction, si une firme a été engagée de manière régulière pour exécuter un travail, alors même que j’aurais été le facilitateur en tant qu’originaire de la zone, en quoi pourrais-je être responsable? Pour quelle infraction la Commission que vous dirigez demande-t-elle la poursuite pénale contre moi? Comme complice de quoi ?
Est-ce moi qui avais signé le contrat? Quelle a été mon implication dans le projet? Quelle est ma part de responsabilité dans ce projet qui serait déjà longtemps mis à exécution, si un bras politique puissant au niveau du département n’avait pas exercé son influence sur le suivi des travaux, c’est-à-dire en empêchant à la firme d’agir, malgré sa bonne disposition et sa disponibilité déclarée? À quelle fin, encore une fois?
Permettez-moi de vous informer des faits de cette cause pour lesquels faits, vous avez été complètement induit en erreur à dessein. Monsieur le Président, le directeur de la firme, Monsieur Lucles Adrien, peu de temps après s’être engagé pour le début des travaux, a été victime d’un accident cérébro-vasculaire aigu (stroke) qui l’a immobilisé, malheureusement, depuis très longtemps, tout en espérant sa réhabilitation partielle ou complète. Après un certain temps, les commandes qu’il avait commencées à placer se trouvaient bloquées, puisque c’est lui et lui seul qui en était le responsable. En dépit de sa paralysie, M. Adrien a pu quand même faire venir une bonne partie de ces commandes qui ont été complétées par d’incroyables efforts physiques de sa part (étant paralysé lui-même). Les décaissements que Elmetech a effectués au nom de particuliers étaient, selon Luclés Adrien, pour disposer de suffisamment de liquidités pour l’achat sur le marché de devises américaines, un peu rares à cette époque.
Monsieur le Président, mais savez-vous que, depuis cette date, un bras politique fort de la zone en la personne d’un de vos collègues a toujours empêché l’installation des lampadaires qui étaient déjà entreposés dans deux endroits différents, une partie au Cap Haïtien et l’autre partie à Capotille? Pourquoi? Était-ce pour trouver un prétexte?
Tenant compte des conclusions de ce rapport qui n’est fondé ni en fait ni en droit, mais qui ne vise qu’à détruire ma personne construite après tant de sacrifices consentis, tant en Haïti que dans le froid glacé de Montréal, n’est-on pas en droit de se demander aujourd’hui si les difficultés que la firme a toujours rencontrées dans l’installation de ces matériels n’étaient pas juste pour permettre au politique de faire comprendre que le projet était un projet fictif et d’en tirer avantage politique ? Car, je peux vous affirmer que tous les lampadaires sont depuis longtemps à Capotille pour être installés sur le site. Il n’est nullement question qu’on s’empressait de procéder à l’installation de ces matériels du fait qu’on était au courant que telle enquête allait sortir, comme on veut le faire croire. Il suffit simplement d’aller vérifier.
Monsieur le président, je suis en mesure de vous informer que cette affaire n’est autre qu’une affaire politique et dont l’instigateur n’est autre que l’un de vos pairs qui n’a jamais cessé de jurer de me venger pour le seul mal que j’ai commis d’avoir soutenu jusqu’au bout un membre de la famille qui était candidat à la députation dans la zone (aujourd’hui député), face à son poulin d’alors, candidat aussi, mais vaincu . Donc, il est clair que vous avez été induit en erreur. Vous avez été trompé de bonne foi.
Aussi, Monsieur le Président de la Commission, en tant que scientifique comme moi dont l’esprit critique nous empêche de ne rien admettre pour vrai que nous ne vérifions tel, je vous saurais gré de procéder à la vérification de tout ce que j’avance plus haut et de rectifier le tir, puisque suivant le vieil adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire, pour éviter de confirmer ce que la population a en tête, à savoir qu’en Haïti, ce sont les plus puissants qui gagnent, surtout ceux qui ont le pouvoir…encore plus le pouvoir parlementaire.
Serge Philippe Pierre
Ex-conseiller à la Direction du cabinet du Président de la République
Membre de la Coordination des Médias d’Etat et de Service public
CC. Carl Murat Cantave
Président du Sénat de la République
Le Médiateur