La situation sécuritaire en Haïti continue de se détériorer, et Kenscoff en est désormais l’un des symboles les plus dramatiques. Selon un rapport conjoint du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH), au moins 262 personnes ont été tuées et 66 blessées lors d’attaques violentes menées par des gangs armés dans cette commune située sur les hauteurs de Port-au-Prince.
Les chiffres révélés par les Nations Unies témoignent d’une violence d’une ampleur inédite. Le rapport précise que 53 % des victimes étaient des civils, tandis que 47 % seraient affiliées aux groupes criminels. En plus de ces pertes humaines, plus de 3 000 personnes ont été forcées de fuir leurs domiciles. Des actes d’une brutalité extrême sont rapportés, notamment des exécutions sommaires, des viols, ainsi que des incendies criminels.
Ces événements tragiques soulèvent une nouvelle fois la question de la stratégie de la Police Nationale d’Haïti (PNH) à protéger la population. Malgré l’aggravation continue de la crise sécuritaire, le Conseil présidentiel de transition (CPT) maintient Normil Rameau à la tête de l’institution policière. Un choix qui interroge dans un contexte où la situation semble hors de contrôle, aussi bien dans l’aire métropolitaine que dans plusieurs villes de province.
Alors même que des efforts considérables sont déployés pour renforcer les moyens matériels et logistiques de la PNH, les résultats sur le terrain peinent à se faire sentir. Des zones entières échappent au contrôle de l’État, et les populations locales sont livrées à elles-mêmes, confrontées quotidiennement à la terreur des gangs armés.
Le maintien de Normil Rameau à la tête de la PNH pose ainsi une question de fond : à qui profite le statu quo ? Est-ce une décision dictée par le besoin de se pérenniser au pouvoir pour satisfaire leur égo, ou l’expression d’une absence de volonté politique de changement ?
Tandis que les victimes s’accumulent et que les communautés s’effondrent sous la violence, les voix s’élèvent pour demander des comptes et exiger un nouveau cap dans la gestion de la sécurité publique.
Jean-Samson Étienne