Port-au-prince 21/11/18
Son Excellence Jovenel Moïse,
Écrire à un président de la République dans un contexte lamentable et honteux n’est pas une entreprise facile. C’est tout d’abord et avant tout un engagement citoyen avec pour objectif de cracher nos frustrations comme jeunes par rapport à la situation actuelle de notre pays.
Monsieur le président, constatant les différentes images venant d’Haïti ces derniers jours; constatant les vagues de violences avérées qui s’augmentent dans différentes zones de la Capitale; constatant un soulèvement général à travers le pays pour exiger dans un premier temps la reddition de compte sur la gestion des fonds PétroCaribe, et dans un second temps, votre départ sans condition du pouvoir, pour citer le secteur démocratique et populaire;
l’affaire nous pousse à produire des réflexions sensées sur une feuille patriotique à la taille de deux jeunes engagés pour une nouvelle Haïti.
Monsieur le Président, c’est frustrant pour un jeune d’être victime des autorités sourdes et irresponsables.
Haïti, un pays non gouverné en ce moment !
Comme vous l’avez dit à maintes reprises dans vos prises de parole : « Vox populi, vox Dei ». Cette citation généralement traduite par l’adage « La voix du peuple est la voix de Dieu », nous nous demandons, est-ce que vous n’avez pas constaté les revendications des citoyens ? Est-ce que vous n’avez pas lu l’histoire de ce pays ? Qu’est-ce que vous voulez faire de la jeunesse haïtienne ?
Comme jeunes passionnés, nous avons décidé d’étudier le Droit, cette science si noble, avec une détermination sans pareille, parcequ’à notre avis la bataille pour le respect des droits humains est un combat que nous devons mener activement en Haïti, pour une société juste et équitable, où les besoins fondamentaux ne resteront pas des rêves, mais une réalité pour tous les citoyens. Et, l’envie de servir son pays, reste et demeure un engagement citoyen. Voilà pourquoi nous nous sentons très touchés par la situation actuelle du pays, où nous assistons à des violations systématiques des droits humains.
Monsieur le Président, nous nous souvenons de vos promesses qui jusqu’à date restent des illusions. Nous n’allons pas tout étaler dans cette lettre, mais cependant, nous essayerons d’analyser en profondeur les grands Axes de vos promesses. Commençons par le programme « Karavàn Chanjman » qui représente une priorité pour vous, faisant croire que cette stratégie allait nous aider à augmenter la production nationale et rehausser notre économie tout en facilitant l’accès à un emploi à un plus grand nombre de citoyens. Pourtant, cette pratique populaire que vous appelez « Karavàn Chanjman », depuis plus d’un an n’apporte aucune réponse face à l’attente de la population.
Aujourd’hui, nous avons besoin de 75 gourdes pour 1 dollar, ce qui explique clairement qu’il n’y a pas de progrès dans la production nationale. Cette situation va donner naissance à une misère rouge au sein de la population. De plus, les jeunes nourissent davantage l’envie de laisser le pays à cause de la mauvaise gestion de la cité. Absence d’opportunités pour ces derniers à l’heure actuelle; les besoins primaires ne sont pas respectés, d’où la violation flagrante des droits sociaux économiques, autrement dit la deuxième génération des droits humains.
Tous ces problèmes entraînent l’insécurité sous toutes les formes dans le pays.
En tant que garant de la bonne marche des institutions et de la sécurité de tous les citoyens, quand est-ce que vous allez commencer le combat contre la corruption pour de vrai ? Quand est-ce que vous allez garantir réellement à tous les citoyens le droit de circuler librement sans aucune peur ?
Faisant référence à ces interrogations pertinentes, Monsieur le Président, votre légèreté sur le dossier PetroCaribe traduit un refus de répondre aux différentes revendications de la population, surtout avec la sortie malicieuse de votre Premier ministre, en proposant la création d’une commission pour traiter un dossier si sensible.
À notre avis, nous trouvons cette proposition comme une déception pour le respect des institutions du pays. En lieu et place de cette dite commission nous devons renforcer nos institutions, si et seulement si nous sommes dans un régime démocratique.
Ce que nous assistons aujourd’hui, c’est le fruit de l’amateurisme politique et de la corruption. Le pays fait face à une situation dangereuse et cela ne peut pas continuer ainsi, car le pays va mal, le pays va très mal…!
Monsieur le Président, outre notre implication à fond, ces dernières années, dans la bataille pour le respect des droits humains et le rehaussement de l’image des jeunes haïtiens, qui pendant longtemps souffrent d’une crise de modèle avec des dirigeants qui refusent la compétence au profit de la médiocrité; comme jeunes consciencieux, nous vous disons catégoriquement qu’au 21e siècle nous ne pouvons pas faire la politique de la même manière que nos prédécesseurs.
Rappelez-vous Monsieur le Président que 50 ans avant il n’y avait pas de « Smartphone », qui aujourd’hui devient un outil de mobilisation incomparable.
Ceci implique qu’avec cette génération intelligente, il faut changer de discours. Il faut mettre l’État à la disposition du pays, autrement dit: au service de la couche nécessiteuse .
Avec un pays majoritairement jeune, négliger la jeunesse c’est planifier des événements comme: 6,7 juillet, 17 octobre, 18,19,20 novembre.
« Nou te jis vle diw Mouche Prezidan, peyi a tounen yon savann nan menw, peyi pap dirije, peyi a bloke. Nou swete ou pa kontinye nan lojik pwen ba a ak tèt di a, koz se lojik pa tande a ki mete nou la a jodi a ».
Monsieur le Président, ne gardez pas les mêmes positions, sinon il sera trop tard pour la Nation!
Recevez patriotiquement nos salutations.
Vargas Panchito Jeanelus
&
Vargas Pancholo Jeanelus