Lettre ouverte au Président Jovenel Moïse/N.B : Jovenel Moïse est encore au Palais National et il doit démissionner pour sortir Haïti du chaos.
Par Pascal ADRIEN
12 juillet 2022
Monsieur le Président,
Je n’ai pas l’intention de m’embarrasser des formules usuelles de politesse. L’urgence du moment se prêterait difficilement à un exercice aussi fastidieux qu’inutile. Sans requérir votre permission, je me permets donc d’aller droit au but.
Monsieur le Président,
Au moment où j’écris cette lettre ouverte, un massacre de plus s’orchestre à Cité Soleil. Les détonations d’armes automatiques reprennent leur droit à Savien. Canaan emboîte le pas à Martissant. Croix des Bouquets égrène son chapelet de morts sans sépulture. Torcel et ses environs sont sous coupe réglée de civils armés. Les rapts et les cas de kidnapping ne se comptent plus, tant ils deviennent de simples faits divers à force d’être récurrents.
Monsieur le Président,
Vous qui êtes encore au Palais National, je vous prie de laisser le pouvoir. Démettez-vous de votre fonction ! Libérez Haïti de votre incompétence et de votre mauvaise foi, car, de toute évidence, vous êtes le mal absolu. Et point n’est besoin de vous dire que votre démission suffira pour sortir Haïti du chaos.
Monsieur le Président,
L’inflation est galopante. La majeure partie de la population ne peut plus manger à sa faim. Les produits pétroliers sont hors de portée de la bourse des plus humbles quand ils ne sont pas tout simplement indisponibles. Les commerçants du grand sud et du grand nord sont livrés à leur sort. Ils ne peuvent pas écouler leurs produits agricoles à Port-au-Prince et ne sont pas en mesure de se ravitailler en carburant à intervalles réguliers pour faire fonctionner leurs affaires à plein régime. Tout cela, à cause de vous, Monsieur le Président. Et, malgré tout, vous persistez à vous accrocher au pouvoir alors que votre démission est la condition sine qua non au salut d’Haïti.
Monsieur le Président,
Aujourd’hui encore, en ce 12 juillet 2022, vous pouvez faire œuvre qui vaille en quittant le Palais National. Réfléchissez un peu ! Ne vous accrochez pas désespérément au pouvoir ! Épargnez Haïti des fléaux qui le rongent à cause de votre présence à la magistrature suprême de l’État. Il n’y a même pas l’ombre d’un doute : après votre démission, tout ira bien ! J’en suis convaincu ! Les acteurs politiques trouveront un accord inclusif pour rendre le pays gouvernable, enrayer l’insécurité, assainir les finances publiques, améliorer les indicateurs socio-économiques et organiser les élections dans les meilleurs délais. Ceux que vous appelez, à tort, oligarques corrompus, s’acquitteront enfin de leurs redevances fiscales, arrêteront de faire fortune par la surfacturation et autres stratagèmes relevant de la capture de l’État. La production nationale sera au rendez-vous, et l’hégémonie de la rente ne sera qu’un lointain souvenir.
Monsieur le Président,
L’avenir se chargera de prouver combien vous avez eu tort d’engager certaines réformes majeures. Vous êtes en train de perdre votre temps avec les Centrales électriques de Carrefour, de Sainte Philomène, de Port-de-Paix, entre autres. Vous vous ingéniez, à tort, à construire des usines de production d’asphalte pour réduire le coût relatif à la construction de tronçons de route dans l’arrière-pays. Pourquoi faire, Monsieur le Président ? Vous osez briser la loi de l’omerta en vous attaquant à de trop puissants intérêts ! Ce n’est pas possible ! Vous parlez trop ! Et depuis février 2020, vous semblez trop vouloir réaliser des projets d’envergure qui ne méritent pas de voir le jour.
Monsieur le Président,
Je ne veux pas être trop long dans mes propos. Je dois conclure au plus vite en vous rappelant, avec soin, que le salut de ce pays passe par votre absence du Palais National. Une fois que nous ne serez plus aux commandes, je suis convaincu que tout ira bien.
Dans l’attente impatiente de votre démission en ce 12 juillet 2022, je vous prie de bien vouloir agréer l’expression de mes salutations patriotiques.
Vive « la transition qui n’en finit pas ! »
Source : compte Facebook de Pascal Adrien, ancien porte-parole de la Primature et co-auteur du livre Toutouni