Incroyable mais vrai : la Police nationale d’Haïti (PNH), censée protéger et servir la population, est désignée comme complice du massacre de Kenscoff, ainsi que de l’invasion et des incendies perpétrés par les gangs armés « Viv Ansanm ». Ce constat remet sérieusement en question le rôle de l’institution policière face à la terreur qui ronge la population des zones métropolitaines de Port-au-Prince.
Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme viennent de publier un rapport alarmant sur les massacres survenus entre janvier et mars 2025. Loin de blanchir les autorités, ce document pointe de graves manquements du haut commandement de la PNH dans la gestion de cette crise.
Selon le rapport, les attaques ont commencé le 27 janvier. Pourtant, ce n’est qu’environ cinq heures plus tard que les forces de sécurité – pourtant alertées en amont – sont intervenues. Cette lenteur, qualifiée d’inacceptable, a laissé le champ libre aux criminels pour massacrer la population, incendier plus de 190 maisons, violer des femmes et exécuter froidement des enfants, dont un nourrisson. Le bilan est lourd : 262 morts, dont 115 civils, et plus de 3 000 déplacés.
Plus grave encore, le rapport indique que les autorités disposaient d’informations claires sur la préparation de ces attaques plusieurs jours à l’avance. L’absence de coordination entre le haut commandement de la PNH et les autorités civiles, ainsi que certaines instructions ministérielles mal appliquées, soulèvent de sérieuses questions sur la volonté réelle de protéger la population.
La commune stratégique de Kenscoff, qui contrôle l’unique route sûre menant au Sud du pays, semble avoir été abandonnée à son sort, malgré sa valeur géopolitique. Le silence et l’inaction prolongés des responsables sécuritaires apparaissent aujourd’hui comme un signal fort d’incompétence, voire de complicité passive.
À la lumière de ce rapport, une seule vérité s’impose : les Haïtiens ne peuvent plus se contenter d’explications évasives. Ils méritent des réponses claires, des responsabilités établies et une réforme en profondeur de leur appareil sécuritaire.
Max B. Nertilus