La prolifération des gangs armés, la circulation abusive d’armes à feu illégales et l’insécurité grandissante qui s’ensuit ralentissent les activités socio-économiques, politiques en Haïti et paralysent le système éducatif.
Personne n’est à l’abri. Depuis quelques mois, l’insécurité ne cesse d’accroître dans le pays, plus précisément dans la zone métropolitaine. Étudiants, commerçants, professionnels et autres se plaignent de l’ampleur de ce fléau qui continue de semer la terreur chez les Haïtiens. Chaque jour un nouveau crime. Même les enfants ne sont pas épargnés.
De nos jours, l’insécurité et la criminalité sont les seuls sujets de discussion des jeunes dans les quartiers défavorisés. On est à Carrefour-feuilles où le chef de gang surnommé « Ti Je » se croyait seul maître et seigneur, avec un jeune homme de la zone qui nous explique sa frustration après avoir perdu sa mère dans la nuit du 28 avril 2019 suite à une attaque des bandits armés de la zone. Larmes aux yeux, il nous raconte ce qui s’est passé : « Il était 9 heures du soir lorsqu’on m’avait demandé si j’ai des nouvelles de ma mère qui prenait plaisir chaque soir à gâter ses clients qui ne peuvent passer une nuit sans avoir consommé ses plats de fritures. Sans hésiter, mon père sortait de son boulot et m’a lâché qu’on venait de fusiller 5 personnes et que ma mère est l’une d’entre elles. J’ai laissé la maison afin de me rendre sur les lieux où ma mère installait chaque soir ses effets dans le seul but de satisfaire ses clients. Je me suis fait attaquer par des bandits qui ont pris mon portefeuille ainsi que mon portable mais Dieu merci je suis toujours en vie. »
Alors que pour la Commission Justice et Sécurité du Parlement, plusieurs de nos parlementaires sont constamment en contact avec les chefs de gangs en Haïti. On se sent menacé par nos propres dirigeants. On se demande jusqu’à quand la fin de ses troubles dans le pays. Mais on ne va pas ignorer le fait qu’à chaque Gouvernement, les opposants créent toujours des troubles rien que pour des raisons politiques.
Djennifer Laurenza Césaire nous dit comment elle vit la dégradation du climat sécuritaire dans le pays. « Comme tout le monde, je vis le climat sécuritaire du pays avec beaucoup d’inquiétude, de peur et non de panique (c’est personnel). À chaque fois que nos autorités se laissent entraîner dans des conflits politiques inutiles, la population finit toujours par payer les frais. Il est simple de réunir les conditions nécessaires et de fournir les outils adéquats aux autorités policières afin que les interventions soient plus efficaces et c’est intolérable que des gens vivent constamment dans la peur de se faire assassiner facilement dans les rues pour le bonheur et le plaisir des malfrats », dit-elle.
À Martissant, des gangs rivaux s’affrontent et violent femmes et fillettes. Certains rançonnent les passagers ou encore volent les voitures. Les échanges commerciaux sont paralysés, les commerçants ne voulant pas prendre le risque de se faire braquer.
Portail Léogâne, considéré comme un point de ralliement entre les départements du Sud, du Sud-est, de la Grand’Anse, des Nippes et autres est devenu aussi depuis un certain temps un espace où les gens risquent constamment de se faire dérober voir même enlever (on se souvient qu’un minibus remplis de passagers y a été enlevé récemment par des hommes armés).
L’insécurité empêche également le bon fonctionnement de l’industrie touristique haïtienne, empêche aux gens de vaquer à leurs occupations, cause la mort de beaucoup de gens, entre autres.
À cette phase, il revient aux autorités concernées de prendre des mesures nécessaires pour y remédier.
Line-Rose Georges