Le Président de la République Dominicaine, Luis Abinader a ordonné à Venancio Alcántara Valdez, son directeur Général de l’Immigration de publier, le vendredi 14 avril 2023, une liste de personnalités de l’élite politique et économique haïtienne qui sont désormais interdites d’entrer sur son territoire, selon lui, ces Haïtiens sont une menace pour la République dominicaine en raison de leur complicité avec les gangs en Haïti. Sur cette fameuse liste contenant 39 personnes, figurent également des bandits notoires comme s’il voulait humilier la Nation Haïtienne.
Pour certains observateurs, le gouvernement dominicain emboîte le pas aux États-Unis et au Canada sanctionnant ces catégories de personnalités-là afin qu’ils aident le pays à sortir de cette insécurité chronique. Pour d’autres, on serait naïfs de croire que ces sanctions visent réellement à soutenir Haïti. Car, selon leurs dires, des noms de puissants hommes qui supportent véritablement les gangs ne sont mentionnés sur aucune liste, tandis que certaines personnalités qui ont déjà fait leur preuve dans leur combat infaillible contre les gangs et le kidnapping en Haïti quand ils étaient au pouvoir sont injustement sanctionnées.
Sur la liste de la République voisine, les sanctionnés sont nombreux à crier leur innocence et croient plutôt à un règlement de compte. Pour le secrétaire général de l’organisation de défense des humains, RNDDH, Pierre Espérance, ces sanctions sont sans fondement et vise plutôt à le ralentir dans sa lutte qu’il mène contre la corruption et l’injustice en Haïti.
Quant à l’ancien Premier ministre haïtien, Laurent Salvador Lamothe, qui est sur le point d’obtenir gain de cause dans sa démarche judiciaire visant à retirer son nom de la liste des sanctionné du gouvernement canadien, beaucoup d’observateurs pensent que la République dominicaine ne le pardonnera jamais pour avoir eu le courage d’interdire, au cours de son administration (2012-2014), l’importation des produits dominicains sur le territoire national, tels que : des sacs en polyéthylène et objets en polystyrène expansés (PSE ou PS ou styrofoam), les produits avicoles (poulets, œufs)
En ce qui a trait à l’ancien président du sénat de la République, Youry Latortue, les dominicains lui en veulent pour avoir diminué l’importation de leurs œufs en Haïti grâce à sa nouvelle ferme agricole.
S’il est vrai que Haïti a besoin du soutien des pays étrangers pour se relever de cette crise d’insécurité inédite, il faut reconnaître que certains gouvernements étrangers pourraient toujours en profiter pour régler leurs comptes avec le pays et/ou des citoyens Haïtiens. Car, comme dit l’autre, « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Que dire de cette rivalité qui existe entre Haïti et la République Dominicaine, deux pays se partageant l’île d’Hispaniola, qui ont des rapports commerciaux inégaux et qui traînent des contentieux historiques tragiques. D’où derrière les sanctions du gouvernement dominicain ne se cache pas une main qui vise à nous faire payer les vingt-deux ans d’occupation de la République dominicaine par Haïti et empirer la situation au profit de son commerce avec les Haïtiens et ses activités touristiques ? De plus, en constatant péniblement la poursuite des déportations massives et agressives des Haïtiens en République dominicaine en dépit de cette crise humanitaire et sécuritaire que connait le pays, comment les autorités dominicaines peuvent prétendre vouloir nous aider si ce n’est qu’enfoncer le clou dans notre plaie ?
Jean-Samson Étienne