À la suite du scandale d’abus sexuel en Haïti qui avait éclaboussé l’ONG Oxfam GB en 2018, un rapport d’enquête indépendant de 18 mois a finalement été publié.
Celui-ci a rapporté que l’organisation n’a pas respecté les normes en matière de protection contre les abus sexuels, et s’est plus préoccupé de sa réputation et de sa relation avec les donateurs que de la protection des victimes.
Avec six mois de retard, le rapport publié le 11 juin par la « Charity Commission for England and Wales », la Commission des associations caritatives qui travaille comme organe régulateur des associations caritatives britanniques, a conclu qu’Oxfam a violé les valeurs qu’elle défendait et a échoué à répondre adéquatement à des allégations d’abus sexuels commis par des travailleurs humanitaires en Haïti.
En effet, dans un reportage du journal britannique « The Times » publié en février 2018, il est rapporté que plusieurs employés d’Oxfam, dont un ancien Directeur d’Oxfam en Haïti, Roland van Hauwermeiren, s’étaient offert les services de prostituées haïtiennes, dont certaines étaient peut-être mineures entre 12 et 13 ans, dans des résidences payées avec de l’aide humanitaire destinée à alléger les souffrances de la population après le séisme de janvier 2010.
La Commission précise qu’en plus d’apporter un traitement indulgent aux dirigeants impliqués dans le scandale, Oxfam n’a pas écouté les avertissements y compris ceux de son propre personnel et n’a pas effectuer une enquête partielle sur les allégations selon lesquelles des enfants aussi jeunes que 12 ou 13 ans auraient été victimes d’abus sexuels de la part d’un « patron », de même qu’il n’a pas signalé les allégations d’abus dont auraient été victimes des enfants.
Helen Stephenson, Directrice Générale de la « Charity Commission for England and Wales », a déclaré : « Notre enquête démontre que, pendant des années, la culture interne d’Oxfam a toléré de mauvais comportements et a parfois perdu de vue les valeurs qu’elle défend. »
Pour sa part Tina Stowell, Présidente de la commission a déclaré: « Aucun organisme caritatif n’est si grand ou sa mission si importante qu’il puisse se permettre de faire passer sa propre réputation avant la dignité et le bien-être de ceux qu’il a pour mission de protéger. »
L’organisme de bienfaisance a dit accepter les conclusions de la Commission et assuré qu’elle mettrait en œuvre ses recommandations.
« Ce qui s’est passé en Haïti était honteux et nous sommes profondément désolés. C’était un terrible abus de pouvoir et un affront aux valeurs qui sont chères à Oxfam », a fait savoir la Présidente du Conseil d’administration d’Oxfam Grande-Bretagne, Caroline Thomson.
Selon les membres de la Commission ce qui s’est passé en Haïti n’était pas un cas isolé. L’enquête interne menée par Oxfam en 2011 n’était pas concluant. Il avait abouti à seulement trois démissions et quatre licenciements. Impliqué dans le scandale, Roland van Hauwermeiren s’était vu offrir la possibilité de démissionner avec un préavis d’un mois.
Selon la BBC, depuis la révélation du scandale, Oxfam Grande-Bretagne a perdu 7000 donateurs réguliers en plus de son financement public.
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